Adaptation du roman de John Green La face cachée de Margo, Paper Towns relate l'histoire d'un adolescent qui a toujours vécu dans l'ombre de Margo, une voisine qui le fascine depuis sa plus tendre enfance. De cette relation si spéciale qu'il vit par procuration naît un bonheur intense lorsqu'un jour, elle a besoin de lui pour une aventure nocturne. Paper Towns, comme ces villes imaginaires créées par les cartographes pour éviter les plagiats, devient alors la métaphore du passage de l'enfance au monde des adultes, lorsque entouré par ses amis, il prévoit un road-trip pour retrouver Margo. Ce sera l'épopée la plus transcendante de sa vie, et celle qui lui en apprendra le plus sur lui-même.
Paper Towns est tout d'abord un excellent choix de titre, bien plus que La face cachée de Margo. Une belle façon de symboliser les fantasmes perdus de l'adolescence et ces chimères qui nous quittent petit à petit, au détour de ce qu'on appelle la réalité de la vie. La lente et douce course-poursuite qu'ils vivent dans la seconde moitié du film est l'essence même de ce qu'a voulu théoriser Jake Schreier, cet état second qui nous pousse à aller au bout de nos rêves. Le voyage était pour tous bien plus important que la finalité en soi, et le film ne ment pas sur ça : le résultat le décevra, mais le road-trip aura été salvateur pour lui et ses amis. L'important ce n'est pas la chute, mais l’atterrissage.
Si le film se concentre sur le parcours du personnage de Nat Wolff, auteur d'une prestation très fidèle à ce que l'on pourrait penser d'un adolescent (évolution du personnage, prise de conscience, persévérance), il aurait été beaucoup plus parlant et pertinent si l'action entière s'était portée sur son fameux duo entre lui et Margo. L'idée de l'éclipser toute une partie du film, comme un idéal impossible à percevoir mais que l'on suit désespérément, eut été plus intéressante si les personnages secondaires avaient été mieux écrits. On se retrouve malheureusement avec une suite de poncifs très agaçants, justifiés par un symbolisme précédemment cité qui perd de sa superbe et de son entrain. On ne peut considérer indéfiniment cette bande d'amis comme les clichés d'une adolescence à multiples facettes, en excluant l'idée qu'il peut s'agir d'un script tout simplement mal écrit et mal calibré.
Paper Towns se termine en nous laissant des images éphémères dans la tête et nous ramène à nos propres ambitions déchues. C'est un film salutaire par son message, beaucoup moins par sa finalité et sa réalisation, bien trop éloignées de l'origine du projet. Une déception à la hauteur de Cara Delevingne, dont l'émotion n'atteint jamais nos sens, et qui n'arrive jamais à retranscrire les fêlures à l'agonie de notre héros. Reste un film sur l’adolescence brouillon, où la morale de fin tente de justifier un film entier de futilités, ce qui ne devrait être nécessaire comme le prouve Le Monde de Charlie. A refaire...