Divertissement de bonne facture, Fracture vaut pour son duel d’acteurs au service d’une critique de l’orgueil, vice qui change de camp à mesure que le jeune premier apprend de son arrogance et que le vieux loup de mer pèche par excès de confiance. On s’amuse beaucoup de la mise en abyme qu’inflige Teodore Crawford à l’exercice de la justice, dont il connaît les rouages et anticipe les actions de la même façon qu’il réajuste son circuit métallique pour que la bille de verre arrive à destination sans tomber entre-temps. Cette métaphore, lourdement assénée par un scénario tout à la fois malin – dans son retournement dernier – et stéréotypé, sert aussi de support à la mise en scène, fluide et en constant mouvement, orchestrant des retournements de caméra, des déplacements inverses portés par la belle partition des frères Danna. Nous regretterons les longueurs inutiles, en particulier causées par la relation amoureuse entre le procureur adjoint et sa supérieure, et les redondances qui diluent l’intrigue principale et atténuent quelque peu sa force de frappe.