L'américain Gregory Hoblit revient aux fondamentaux, en faisant appel aux ingrédients qui avaient fait le succès de son premier long-métrage ("Primal Fear"), pour un thriller juridique en forme de duel entre deux fortes personnalités. En effet, "Fracture" voit s'affronter Anthony Hopkins, dans un rôle de méchant pervers (aux mimiques proches de ses standards récents type Hannibal Lecter), et Ryan Gosling, dans la peau d'un jeune assistant du procureur aux dents longues.
Si l'on excepte une scène finale pour le moins déconcertante, à la suite d'un dénouement un peu faible aux allures de série TV, "Fracture" constitue un bon divertissement, porté par un scénario captivant et des interprètes convaincants, à commencer par Gosling, qui affiche déjà un aplomb et une sûreté de jeu impressionnants.
Les personnages secondaires s'avèrent intéressants, et incarnés par des comédiens ayant parfaitement la gueule de l'emploi, du flic amoureux et dépressif (Billy Burke) au procureur intraitable (David Strathairn), en passant par la jeune avocate (Rosamund Pike) et son père le vieux juge d'instruction plein de sagesse (Bob Gunton).
Pour chacun d'entre eux, on se demande s'il va se montrer loyal avec le héros ou si à l'inverse il ne s'agirait pas d'un complice du meurtrier. Le film parvient à jouer avec nos habitudes et nos attentes de spectateur, ce qui alimente intelligemment la mécanique narrative.
Rien de follement original donc, mais du solide à tous les niveaux : "Fracture" est certes un film de producteur, mais il faut souligner le travail bien fait, qui rend cette curieuse affaire d'homicide à la fois intrigante et crédible, Hoblit dosant intelligemment les rebondissements sans en faire des tonnes.
De quoi regretter encore plus ce dénouement en demi-teinte, laissant le spectateur sur une impression très mitigée, à l'opposé de l'heure et demie qui a précédé.