S’il y a bien un type de cinéma peu représenté au Festival de Cannes, c’est bien le cinéma d’animation. Absent de la compétition principale, on en trouve quelques représentants du côté de la Semaine de la Critique et d’Un Certain Regard, où figure notamment La Fameuse Invasion des ours en Sicile.


L’adaptation du roman de Dino Buzzati se présente comme une fable, notamment destinée aux enfants, d’après les mots de Lorenzo Mattotti. Évitons, cependant, l’habituel et triste cliché du « le cinéma d’animation, c’est pour les enfants ». Car, oui, le ton général de cette production franco-italienne est enfantin, mais c’est aussi ce qui lui permet d’être universelle et touchante dans son discours. C’est, ici, l’histoire du roi des ours dont le fils est capturé par des hommes, et envoyé en ville. Cela provoquera une rencontre entre les ours et les Hommes, mêlant incompréhension et conflits, notamment à cause du vil Duc qui dirige la ville.


Pour raconter l’histoire, Lorenzo Mattotti fait appel à un conteur d’histoires, accompagné de sa fille, qui se livrent à des représentations pour éveiller l’imagination de leur public. Le cinéaste rend ainsi hommage aux vieilles traditions pour donner vie à cette histoire bigarrée, visuellement très belle, avec de belles envolées qui nous font soudainement rêver. L’esthétique du film, très géométrique, mêlant 2D et 3D, est originale et intéressante, rappelant certains livres illustrés que l’on lisait étant enfants.


En termes de discours, La Fameuse Invasion des ours en Sicile est principalement une fable sur le pouvoir, sur ce qu’il implique et l’effet qu’il peut avoir sur les individus. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, mais, surtout « Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument. » Le film aborde aussi la coexistence entre populations, les conflits et les connivences, rejoignant alors d’autres thématiques d’actualité.


De manière générale, La Fameuse Invasion des ours en Sicile est un sympathique film d’animation, à la trame très classique, mais à l’esthétique intéressante, lui permettant de créer un univers visuel riche, et de donner lieu à plusieurs scènes particulièrement belles. De quoi espérer voir davantage d’animation au Festival de Cannes, et une meilleure considération à l’égard de ce genre de cinéma.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

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le 23 mai 2019

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