Sicilian host story
Tout commence sur un manteau : celui de la neige recouvrant la montagne. Et par deux baladins trouvant refuge dans une grotte avant d'atteindre le prochain village. Tout commence avec cette...
le 10 oct. 2019
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5
Généralement l'adaptation amène toujours une confrontation des cultures, surtout quand le média de base est encré dans un pays, et que le film qui en découle vient d'un autre pays au style radicalement différent. On peut penser qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre la France et l'Italie, qu'artistiquement ce sont des pays très similaires qui ont eut l’habitude des cohabitations artistiques, surtout en animation, et qu'on peut accentuer les deux styles et les réunir dans un film qui permettrait de faire ressortir le meilleur de l'Italie et le meilleur de la France, et c'est là que débarque à la sélection "Un certain regard" du festival de Canne La Fameuse Invasion des Ours en Sicile qui va essayer de relever le défi. Et du coup qu'est ce que ça donne ? Errrk
On va quand même relever les points positifs indéniables: la réalisation est vachement belle. On voyage dans beaucoup d'univers avec un grand amour du conte de base. On reprend le design graphique du livre, on fait des jeux de calque afin de faire évoluer la façon d'amener ou non certains personnages d'un endroit à l'autre ou même de faire découler le temps. On peut avoir un ours qui est assis face à une falaise, et qui, après un mouvement de caméra vers la gauche, va se retrouver près du feu de camp des ours alors qu'il n'a physiquement pas bougé. Les couleurs sont très belles, les musiques sont très agréables et donnent du rythme à l'ensemble même si certaines reviennent un peu trop souvent dans la première partie, et le doublage est très convainquant. Maintenant pour ce qui est de l'écriture cela devient très compliqué.
Déjà il y a une règle toute bête: quoi qu'il arrive, il faut soigner son entré et sa sortie car c'est le plus gros de ce que va retenir le public, et on va être honnête, le début et la fin de la fameuse invasion des ours en Sicile sont proche du catastrophique. Le début est amené de manière beaucoup trop laborieuse à travers une bande de comédien dell'arte italienne qui trouvent refuge dans une grotte en hiver et qui racontent l'histoire de la fameuse invasion des ours en sicile du bouquin à un ours par peur qu'il les mange. On éternise de trop sur des choses qui sont pas forcément intéressante, on galère à trouver ses mots, on cherche à avoir des relations entre les deux membres du groupes qui sont parfois assez vain car trop évidente pour être intéressante à expliquer pendant 5 à 10 minutes. L'une des particularités de cet adaptation est qu'elle se compose en deux parties: la première celle du conte que je ne vais pas spoiler et qui est écrit avec le style de la commedia dell'arte, et une 2e partie qui est l'après le conte et qui est cet fois dans un registre plus français. Pour la première partie, je ne sais pas si c'est mot à mot la même chose dans le conte de base (cela ne m'étonnerai pas que cela soit ça parce que ça se sent qu'ils ont voulu collé au plus près du livre), mais on a énormément de scène beaucoup trop alambiqué, qui, souvent, ne servent pas à grand chose, et dont on a l'impression qu'on pourrait se passer. Sans doute que le livre ça s'est passé comme ça, mais je ne pense pas que cela aurait été utile de raconter autant au mot à mot ce qui s'est passé. Le tout est entrecouper d'intermède musicaux entrecoupé de danse typique de la commedia dell'arte italienne qui peut être bien à écouter mais, qui au bout de la quatrième fois, peut paraitre un peu redondante. La fin aussi de la première partie peut être assez facile et pas forcément bien exposé.
"Ah bas en faite, le papa ours est allé chez les Hommes, il a toqué à la porte, il voit son fils, le méchant le tue mais le magicien réanime l'ourson et tout est bien qui finit bien"
Pour moi le plus gros soucis de ce film c'est son organisation et son "découpage". Parce que le film se compose en deux parties qui, pour moi, ne se font pas assez écho et ne vont pas assez bien ensemble au point que l'on peut se dire que l'on a deux films. En soit ce n'est pas un défaut car Le grand méchant renard et autre conte avait cet configuration mais arrivait à être bien construit afin d'éviter les comparaisons entre les différents contes, là où la fameuse invasion en Sicile détache de trop ses deux contes et amène inévitablement à ce que l'on compare, ce qui, pour moi, n'aurait pas été le choix le plus judicieux. Au contraire, montrer que dans un même film on peut avoir deux styles radicalement différent et montrer qu'unis ils peuvent former un seul film cohérent. Ici la première partie qui souffrait de certaines phases musicales trop présente et trop marqué est mise à côté d'une 2e partie beaucoup plus réaliste et terre à terre où l'on va aller plus dans la subtilité et la légèreté, avec parfois avec des sous textes réservé à un public mature. On sent un travail appropriation qui est juste et pertinent, mais celui ci se fait trop en opposition du média de base, et on obtient un film assez inégale qui ne sait pas où il va dans sa démarche. Dans le récit ce problème ne se voit pas car les deux parties commencent avec une situation différente, et l'on peut avoir l'impression que ce sont deux histoires qui commencent à zéro alors qu'objectivement l'un est la suite de l'autre. Dans la 2e partie on a la présence d'un méchant qui, pour moi n'est pas du tout subtile, ce qui fait que cela accentue le fait que le film est cousu de fil blanc.
Le mec n'arrête pas avoir des tics gestuels et des mouvements parasite qui sont visible à des kilomètres, comment veux tu ne pas penser une seul seconde que ce n'est pas un méchant ?
Enfin quelque chose qui m'a pas dérangé après coup mais avec du recul c'est quand même un truc qui me chiffonne un peu, c'est le propos de fond qui, d'un certain côté, peut être décevant et peut soulever des questions. On n'est pas non plus dans quelque chose de gravissime, le film est très sympathique pour les enfants, mais cela mérite réflexion.
La première histoire raconte un père cherchant son fils et qui va devoir faire cohabiter la cité des Hommes avec celle des ours pour y arriver. A la fin de la première histoire les ours et les Hommes vivent heureux et en soit on aurait pu en rester à ce tableau. Mais nouveau Roi de Sicile va prouver une certaine forme de racisme anti humain qui est assez troublante et qui, n'est pas foncièrement remis en cause par le film. Il fait enfermer le professeur parce qu'il juge au fait que c'est un humain qu'il est forcément le fautif, mais quand il va se rendre compte que c'est son serviteur ours, sa réaction est de dire "les Hommes et les ours ne peuvent pas cohabiter, ce sont des personnes à problème avec masse de défaut, il faut que les ours vivent plus simplement" et d'envoyer son fils et ses confrères ours rentrer dans la montagne avant de mourir. Même si ce final est pas mauvais en soit, est ce qu'il n'aurait pas été intéressant de faire évoluer les Hommes afin de soigner le problème humain et de montrer une forme d'espoir en la cohabitation Ours/Homme, au lieu de forcer le trait que Ours et Homme ne peuvent pas vivre ensemble ?
En résumé La fameuse invasion des ours en Sicile est un très beau film d'animation qui change de ce que l'on peut voir d'habitude dans le cinéma d'animation grand public (à savoir Pixar Dreamworks Disney et franchise à succès), et il serait très utile aux jeunes enfants de regarder ce film pour se forger une culture cinématographique mais aussi agrandir leurs champ de vision avec un film, sert imparfait, mais qui a le mérite de se tenir comme une forme de nouveauté. Je regrette que le début et la fin soit pas à la hauteur du travail visuelle accomplit...
Le coup où l'on ose faire une fin triste et que finalement on finit sur une note optimiste à base de Deus Ex Machina, le vieil ours va chuchoter une fin heureuse à la petite fille, du coup tout finit bien, fallait l'oser mais ça ne marche pas des masses
... mais au final je ne regrette pas du tout d'avoir vu ce film malgré le manque d'attention à l'égard d'un public plus mature. Les visuels font le café mais il y aurait pu y avoir la possibilité d'avoir plus de sous texte. Dommage
10,75/20
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Créée
le 22 sept. 2019
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2 commentaires
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