• Ce film d’animation regorge d’inventivité et d’idées foisonnantes en termes de dessins avec ses nombreuses figures carrées mais aussi par ses cadrages et ses jeux d’ombres à la Tim Burton, les calques où nous voyons un personnage poper à gauche puis à droite (c’est le principe du jeu des calques d’animation), des personnages qui ne devraient pas se retrouver à certains endroits mais qui le sont au final ainsi que les perspectives 3D à couper le souffle.
  • La fameuse invasion des ours de Sicile est d’une extrême simplicité dans sa trame scénaristique en raison de la forme de l’histoire s’apparentant à un conte animé. Il nous délivre, cependant, une double parabole pour les enfants et les adultes en brisant le 4ème mur (les personnages s’adressent directement aux spectateurs). Cette simplicité réalisée de la plus belle des manières nous plonge dans un univers enchanté. De plus, il est ancré avec une réelle proposition de cinéma grâce à cette grille de lecture multiple : l’aspect politique (un roi méchant et dictatorial), l’acceptation de l’autre, les étrangers et l’univers familial (un père à la recherche de son fils). Celle-ci nous propose une œuvre délicate pleine de douceur et de légèreté à savourer en famille. L’aspect épique nous apporte une réelle douceur et de la fantaisie.
  • Il est découpé en deux temps :
  • 1) Le vieil homme et sa fille nous narrant l’histoire à un vieil ours dans la grotte, à savoir la fameuse invasion des ours de Sicile.
  • 2) La seconde partie est vraiment inattendue pour le spectateur mais devient une évidence pour la conclusion du film d’animation.
  • Cette volonté de création cinématographique est une double mise en abîme du spectateur et provoque une meilleure immersion avec l’arrivée de ce 4ème mur. Au-delà de bien adapter le livre de Bazzutti, il nous accroche immédiatement dès le début (NDLR : d’ailleurs, le conte est abordé dans son entièreté pendant 40 minutes uniquement). Nous ressentons, dans la seconde partie, cette volonté ancrée profondément chez les trois auteurs ayant modelé à leur sauce ce conte italien pour enfants. Le spectateur est mis au centre du film d’animation en tant que personnage écoutant l’histoire à côté du vieil ours. Cette plus-value donne un aspect fascinant grâce à ce côté pédagogique dans le sens où il faut être connecté et relier immédiatement avec le personnage de l’ours recherchant à tout prix son fils Tonio ou tout simplement au vieil ours nous narrant cette histoire. Ce vieil ours peut pendant un instant être un substitut parental racontant une aventure épique à son enfant.
  • Ce côté ludique nous donne cette impression de profession de foi radicale et immersive auprès du public voyant le film agrémenté de cette inventivité dans la création de cette contrée fantastique. Cette simplicité se développant tout au long de ce métrage d’animation a pour conséquence directe cet attachement immédiat aux ours en quête d’une société idéale où les ours et les humains pourraient cohabiter ensemble et être dans une ville où le bien être serait présent pour eux.
  • Il y a une certaine similarité (voulue ou non ?) avec « Le roi et l’oiseau ». La trame scénaristique se ressemble : affronter des ennemis, se frayer un chemin pour avancer et parvenir à ses fins. Cette coproduction italienne et française ont réussi à créer cette envie d’une certaine esthétique d’animation à travers les dessins et un traitement de l’image par le biais de la 3D et du dessin fait à la main. Ce film d’animation sort vraiment du lot parmi les films d’animation de cette année.
  • La conception graphique et la conception des personnages humains dessinés aux crayons où des ours réalisés en 3D donne cette touche originale d’un jeu élégant de couleurs et de formes entre cette cohabitation atypique du dessin et de la 3D. Les couleurs pastel et ce cubisme poussé à l’extrême avec l’apparition du chat subliment le tout. Le rendu apporte un effet visuel magnifique pour les yeux du spectateur harmonisant la parfaite habitation entre les humains et les ours. Cette atmosphère unique en son genre est sublimée par le réalisateur italien parvenant à nous amener une scénographie habile et cinéphile (Le roi et l’oiseau, des inspirations du studio ghibli avec l’usage des couleurs pastel, la forme particulière des ours, la comedia del arte, etc…).
  • Le doublage français est excellent et valorise chaque personnage du film. Il en devient même hypnotisant. Il peut être autant conseillé pour les enfants que pour les adultes. Il touchera tout le monde de par ses idées véhiculées et portées par un graphisme époustouflant. La direction artistique élégante est sublimée grâce à sa manière si particulière de nous expliquer le déroulé du film et le traitement de la population humaine et/ou animale est originale via la cohabitation de la 2D/3D dans un même plan.
  • Avec ce titre italien peu avenant et à rallonge, nous pouvons nous poser la question si ce film d’animation vaut le coup d’œil ou non. Réponse : un grand oui !!! Allez voir cette fable anthropomorphique où les ours marchent sur 2 pattes et non 4 discutant et parlant en italien avec un roi humain fait régner la monarchie au sein de son peuple, abordant le rapport de l’homme à la nature, l’arrivée de migrants sur une terre inconnue et la mise en place d’un savoir vivre entre 2 populations aux coutumes totalement différentes. Tout ça dans une perpétuelle peinture en mouvement pendant toute la durée du film d’animation.
Lili-Jae
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le 29 oct. 2023

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Lili-Jae

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