Distribué sur une petite centaine de copies ce film, s'il passe près de chez vous, mérite vraiment que vous courriez le voir ne serait-ce que pour vivre de belles et puissantes émotions tout en découvrant l'histoire vraie d'une démarche photographique extrêmement touchante. Celle de Masashi Asada.
Jeune photographe japonais en manque d'inspiration, Masashi décide un jour de mettre en scène ses parents dans des situations qu'ils n'ont pas pu vivre réellement et cela afin de les amuser tout en adoucissant leurs éventuelles frustrations. Il commence par concrétiser ce projet en proposant l'idée à son père, l'homme qui lui a en premier mis un appareil photo dans les mains, et qui a fait le choix de soutenir son épouse, infirmière en chef très investie dans son métier, en restant au foyer pour élever leurs deux fils. En conséquence il n'a pas pu s'orienter lui-même vers le métier et la carrière dont il avait rêvé étant plus jeune : pompier. Masashi lui permet d'imaginer sa vie rêvée le temps d'une mise en scène destinée à créer un faux souvenir, une photographie qui sera ensuite encadrée et mise au mur dans le salon familial.
Touché par cette démarche, le père se dit fier de lui et reconnaissant pour le moment d'insouciance, de fantaisie et donc de bonheur procuré par son propre fils et cela à l'aide d'un appareil photo qu'il lui avait offert alors que celui-ci n'était encore qu'un enfant. Masashi qui ne compte pas en rester là propose donc à sa mère, puis à son frère, d'en faire autant. Dès les premières séquences de ce film la bonne humeur, la bienveillance, les sourires en nombre font du bien.
D'autres situations fantasmées sont alors mises en scène afin de créer de superbes clichés qui tour à tour s'affichent à l'écran, nous permettant d'apprécier pleinement leur véritable beauté esthétique. Un vrai plaisir visuel pour tout amateur de photographie qui ne manquera pas de séduire les profanes également qui pourraient se sentir inspirés, avoir envie de prendre un appareil à leur tour.
Avec son idée toute simple Masashi procure du plaisir aux siens, en tire une grande satisfaction personnelle tandis qu'il voit les yeux de ses parents se mettre à briller. Le récit est profondément touchant et donne envie d'être capable d'un tel degré d'espièglerie. Il donne envie de s'amuser.
La musique ska-rock, le montage très rythmé et donc la mise en scène dans sa globalité accompagnent cette ambiance de façon très cohérente, installant le spectateur dans une atmosphère festive. L'aspect comique du film s'exprimant pleinement dans ce premier tiers qui se focalise sur la famille Asada.
Mais une "private joke" peut éventuellement se transformer en projet de vie, et c'est ce que pense Masashi qui commence par valoriser sa série photographique en la compilant dans un bel ouvrage (véritablement disponible encore à l'heure actuelle), puis qui songe à professionnaliser sa pratique en la déclinant sous forme de service. Il se rend donc disponible à toute famille souhaitant dialoguer avec lui pour imaginer une situation emblématique, synonyme d'un moment de plaisir partagé, avant de la mettre en scène et l'immortaliser.
Et c'est à l'occasion de l'une de ces rencontres avec une autre famille que le ton du film commence à changer, mettant de côté l'espièglerie car une question se pose : comment faire pour amener ce bonheur là dans une famille touchée par un malheur visible, qui lui aussi finira dans l'image ? Comment garder le sourire si une fois l'oeil dans l'objectif, le photographe prend conscience de ce que l'image représentera peut-être dans un avenir proche : le souvenir d'une personne disparue ?
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LA SUITE DE MA CRITIQUE ICI : https://mesconnus.blogspot.com/2023/02/cinema-la-famille-asada-de-ryota-nakano.html