Evidemment, la comparaison avec "Intouchables" est inévitable dans la thématique que cette comédie aborde (le handicap) et la dimension populaire du récit qu’elle propose. Certes, les deux œuvres sont différentes : la première est beaucoup plus solide cinématographiquement quand la seconde touche davantage le spectateur en plein cœur (grâce notamment à une séquence finale que je ne ne révélerai pas).
La famille Bélier est composée de sourds-muets cravachant au quotidien pour faire tourner leur modeste ferme. Il y a le père (François Damiens), bonhomme fier à qui on ne la fait pas à l’envers et qui rêve de devenir maire de son village. La mère (Karin Viard), une femme brave qui, comme son mari, est très portée sur le cul. Le fils (Luca Gelberg) qui les aide avec abnégation. Et la pétillante Paula (Louane Emera, demi-finaliste de The Voice), matrice absolue de cette smalah. Seul être doué de la parole, cette dernière découvre un beau jour la puissance de sa voix grâce à un exubérant professeur de chant (excellent Eric Elmosnino) vouant un culte absolu à Michel Sardou. Tyrannique à souhait jusqu’à menacer ses ouailles galeuses de développer un cancer du colon en raison de leur paresse, le mélomane va se mettre en tête de mener la talentueuse jeune fille vers le succès (et au-delà).
D’abord sceptique, le spectateur oubliera très rapidement la mise en scène plutôt banal, ses dialogues souvent simplistes et ses bons sentiments plein de saccharose. De fil en aiguille, le charme et la générosité qui se dégagent de cette histoire l’emporteront sur la forme. On ne se pose alors plus de questions et on se laisse porter par l’expressivité saisissante et drolatique du duo nympho-cool Karin Viard/François Damiens et par la fraîcheur du jeu de Louane Emera.