Jeux de pouvoir et de manipulation saupoudrés d'humour, le tout enrobé d'un cadre magnifiant des personnages au cœur d'une intrigue propice à une sensualité vénéneuse.
Quel beau programme que celui de La favorite.
La femme est un loup pour l'Homme ?
Ces femmes de pouvoir, dominent pour leur intérêt avec, en toile de fond, celui du pays, de la nation, le peuple.
Évidemment, chacune veut sa place, sa part du gâteau. Et la reine de le vomir.
Un gâteau fait de bonne société, de faveurs royales, de coucheries couronnées et de mariage stratégique.
Un gâteau qui s'avère objet de convoitises, pour celle qui salive devant comme pour celle qui déjà le déguste.
Donnant à voir des jeux de pouvoirs qui amènent à une cruauté incarnée par ces femmes de décisions, qui, non contente de prendre en main leur vie, s'immisce dans celle des autres.
Loin des poules passives qui caquètent à la cour, l'héroïne va oser affronter les renards qui viennent jusque dans nos lits, dégorger dans nos filles et nos compagnes. Aux armes ! Femmes de pouvoirs, vipères qui se glissent dans les coulisses des monarchies les plus solides pour s'y frayer un chemin, un nom, aux côtés des puissants.
Phallus Captis
Les hommes, voulant se servir d'elle, ne sont guère maîtres de cette jeune servante, dont l'ambition, à peine voilée, se révèle au fil des jours, des entretiens avec la reine.
Grimpant l'échelle sociale après l'avoir descendue, c'est pourtant dans le coeur de la reine qu'elle trouve sa place. Elle souhaite refermer le piège qu'elle tend à l'ennemie.
Ces thèmes, Yorgos Lanthimos, plus que de les orner d'une mise en scène élégante, révélatrice d'un travail de cadrage, de composition du cadre, de lumière, de décors admirable, sert ce propos avec brio.
Comment, par exemple, évoquer ces manipulations, ces doubles jeux des personnages évoluant dans un même monde ?
En s'affranchissant des champs/contrechamps et en liant les personnages astucieusement.
Les décors, la photographie, le montage du film, créent alors une esthétique reconnaissable, qui sied à un récit où mensonges et coups bas semblent aussi naturels.
La noirceur, l'ambition poussée à son extrême, la cruauté dans cette micro société que forme la cour royale tout cela est révélé et magnifié par l'esthétique léchée et l'humour bienvenu.
S'ajoute à cela un casting où chaque acteur ou actrice excelle, finissant de parfaire une œuvre aboutie et ambitieuse.
8, basse-cour/10