La favorite sait capter l'attention : il est parcemé de petites originalités (danses incongrus, fish-eye, chapitres aux titres intriguant, etc) et il tient un rythme soutenu et une tension électrique de bout-en-bout, à tel point que quand il m'a fallu aller aux toilettes passant la séance, j'ai attendu de 10-15mn cherchant le moment opportun et me suis finalement résolu à sortir en plein milieu d'une scène. Bref, j'avais une opinion très positive du film ... jusqu'à ce que je sorte de la salle et là, m'est apparu la sensation de ne pas avoir été emporté et de n'avoir qu'un respect peu enthousiaste pour le film. Finalement les originalités du film sont assez mesquines et tape-à-l'oeil (intrusions d'éléments hétérogènes connus, type anachronismes ou vulgarité dans un environnement aristocratique) et la tension n'aura été maintenu que par des mécaniques classiques (intrigues politiques sournoises, hystérie) mais sans jamais qu'on est l'impression de rencontrer un esprit original. Quelques jours après La Favorite, j'ai vu un film de Alejandro Jodorowski, qui lui fait montre d'une originalité sincère ainsi que d'une vraie prise de risque, consciente ou inconsciente, qui fait défaut au film de Yórgos Lánthimos. Notre mémoire synthétise tout, très rapidement, et une fois les atouts cosmétiques éliminés ne reste de La Favorite qu'un film d'intrigue de cour assez balisé.