Si The Lobster avait le mérite d'être une métaphore ingénieuse sur un monde devenant un peu inhumain chaque jour, on aurait apprécié que Lanthimos évolue dans sa vision du monde quelques années après.
La Favorite est ce genre de récit vain, vu mille fois auparavant, de la jeune servante (Emma Stone) prête à tout sacrifier et manipuler la cour pour obtenir ce qu'elle désire : une place auprès de la Reine. Projet qui, on vous le donne en mille, se retournera contre elle dans une sorte de satire de l'humanité qui s'entre-dévore et se reproduit (la métaphore est d'une subtilité...) comme des lapins.
Dès lors le film est lancé à tambour battant, persuadé de sa propre intelligence, s'enlisant dans des effets de style redondants (une courte focale gênante) à mesure que le métrage avance. Avions-nous vraiment besoin d'un film supplémentaire pour nous expliquer que la cour est un lieu de pouvoir, de ressentiment et de luttes, au point que chacun et chacune essaie de prendre l'avantage sur l'autre ?
Le principe de base est biaisé, car vain et sans autre proposition qu'une sorte d'humour noir à base de punchlines bien senties, souvent insultantes et balancées sur un ton qui ne cache pas son hypocrisie : c'est amusant cinq minutes, mais au-delà ça devient simplement ronflant. A force d'éradiquer toujours plus ses récits d'humanité, Lanthimos pourrait bien risquer de se regarder filmer des formes aussi vides que l'humain qu'il tente de mettre en scène.