Dans la soie ou la boue d’un vénéneux gynécée se convoitent le pouvoir et ses cruels mirages.Tyrannique et royale solitude des alcôves. Alcôve me faisait penser aux courtisanes. La favorite c’est vraiment une affaire de femmes et de leur condition sociale et personnelle à l’époque, qu’on soit reine , noble ou servante . Ce n’est pas mon film préféré de Lánthimos dont j’avais vraiment adoré « the Lobster » et la « mise à mort du cerf sacré » C’est moins « surréaliste » , moins « allégorique » dans sa forme, mais on retrouve la cruauté exacerbée des rapports humains, l’absurdité du monde , sa déliquescence, avec les relations de domination dans le lien social et les rapports de pouvoir (en cela c’est très contemporain si on se place du côté politique)
L’émotion, j’ai pu parfois la ressentir à travers le personnage de la reine, dans des passages notamment où l’on découvre sa très grande solitude (je ne peux trop en dire pour ne pas spolier) mais l’actrice est formidable, autant dans ce qu’elle peut montrer de rebutant que de touchant (c’est avant tout une femme en quête désespérée d’amour et qui se sent trahie) C'est une histoire de rivalité et de manipulation féroce, dans une triangulation savoureuse où les mots deviennent des armes ( les actes aussi bien sûr) Tu verras à quel point les mots et la rhétorique sont un moyen de manipulation , un rapport de force assez pervers quand ils se combinent avec la rivalité amoureuse et la quête du pouvoir… Cela devient un jeu de massacre très jubilatoire. Mais dans cette comédie du pouvoir et de ses avantages, dans cette lutte pleine de mesquinerie s’immiscent l’amour et les sentiments .Dès lors, on se questionne : qui est sincère ? Qui ne l’est pas ?