Exilé à Hollywood depuis 1934 après avoir tourné 4 films en France, Jacques Tourneur signe en 1942 "Cat People" où il met en scène Irena, une jeune femme d'origine Serbe qui pense être une descendante d'une tribu maléfique et, craint d'être transformé en panthère.

Alors que le film ne dure que 73 minutes, Jacques Tourneur met assez vite l'intrigue en place avec la rencontre des deux protagonistes au zoo alors que l'héroïne était face à une panthère. Il braque sa caméra sur le personnage d'Irena qui doit faire face à des craintes de plus en plus présentes, tout en gérant une vie privée et sentimentale qui s'annonce radieuse pour elle. Plutôt bien rythmé, Tourneur la rend dès le début intéressante, intrigante et captivante en laissant le doute peu à peu s'installer en elle, son conjoint et le spectateur.

Et c'est là toute la force du film. Tourneur reste tout le long dans l’ambiguïté et laisse le doute peu à peu s'installer chez tous les protagonistes, dont le spectateur. Il maîtrise à merveille les sentiments d'illusions et de réalité et reste régulièrement dans la suggestion, laissant le spectateur interprété l'image. Il démontre une vraie maîtrise derrière la caméra en mettant doucement en place une atmosphère angoissante se faisant de plus en plus forte, sans oublier la tension dans les scènes clés. Il joue énormément avec l'éclairage et les jeux d'ombres à l'image de la séquence de la piscine où les ombres dansent autour de l'eau.

Si l'ensemble des interprétations sont bonnes, c'est Simone Simon qui crève l'écran et rentre à merveille dans la peau de cette femme complexe, indépendante, aimante mais peu à peu dépassé par ses croyances à cause desquelles elle se refuse à aimer passionnément son homme. Elle retranscrit de fort belle manière les enjeux et dilemme de son personnage.

Finalement le film connut un succès commercial que les producteurs n'avaient jamais espéré (il ne sortit d'abord que dans une seule salle). Encore aujourd'hui, il reste impressionnant par cette capacité à n'être à aucun moment démonstratif et à créer une vraie tension, laissant toujours le spectateur croire à l'incroyable, mais aussi par sa subtilité, sa puissance et son fascinant personnage principal, s'imposant comme une figure féminine à part entière.

Le film connaîtra une suite peu de temps après (1944) co-réalisé par Robert Wise avec les mêmes acteurs (sous le nom de "The curse of the Cat People") ainsi qu'un remake au début des années 1980 avec Nastassja Kinski dans le rôle principal.
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le 17 nov. 2014

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