Adapté de la biographie de Bix Beiderbecke (un trompettiste de jazz) Young Man with a Horn - nous préfèrerons ce titre original à celui trouvé par les distributeurs français en l’occurrence hors sujet voire absolument incompréhensible - évoque les différentes étapes de la carrière artistique d’un musicien passionné et solitaire.
Les partenaires de Doris Day - qui démontrait ici pleinement ses talents d’actrice dramatique - seront cette fois Kirk Douglas, véritablement habité par son personnage, ainsi que Lauren Bacall qui se révèle être l’une des principales déceptions du film, faute avant tout à un personnage prévisible et sans nuances.
Très inégal, le film de Michael Curtiz possède donc cependant d’indéniables qualités, Il est somptueusement photographié à la manière d’un film noir avec entre autres de multiples et intéressantes utilisations des ombres ; certains plans sont splendides, que ce soit en studio ou en extérieur, les plus mémorables étant ceux en plongée ou contre-plongée dans les rues de New York - que ces dernières soient vides dans la douce lumière du petit matin ou au contraire grouillantes de monde en pleine journée. Plastiquement intéressant, Young Man with a Horn l’aura heureusement été aussi musicalement, les chansons ou morceaux instrumentaux s’imbriquant parfaitement à la narration sans jamais sembler plaqués.
Les auteurs auront réussi en partie à souligner les côtés obscurs ainsi que les difficultés physiques et morales de la vie d’artiste, la noirceur s’invitant dans un quotidien a priori réglé pour l’accomplissement de soi. Il n’aura pas été difficile de trouver attachant un homme trouvant dans sa passion exclusive et vorace son unique raison de vivre, rêvant de jouer sa musique en dehors de toutes contraintes commerciales ou de mode, un artiste ayant gâché une bonne partie de son existence pour ou à cause de sa passion. (Erick Maurel - le 6 juin 2016)