L'affiche est appétissante, n'est-ce pas? La jeune Doris Day encore un peu gironde, la tout aussi jeune mais éternelle fine Lauren Bacall, le musculeux (j'attends avec impatience de voir un de ses films sans une scène topless) de Kirk Douglas, Carmichael toujours pianiste (il frappe le clavier dans le bar de Sam, in Casablanca) et puis surtout Maître Curtiz à la manoeuvre.

Et pourtant au final, le film se revèle décevant. La première heure décrit la lente ascension sociale sans trop de heurts d'un jeune trompettiste de jazz. Puis la descente aux enfers commence enfin à donner un peu de jus, un goût de gibier en quelque sorte, avec des scènes saignantes, des crocs dans la chair, mais que ce fut long pour en arriver là. Ensuite, la fin un brin expédiée redonne au spectateur l'arrière-goût d'une petite désillusion. Tout ça pour ça... Parce qu'en somme, que nous a montré le film? Un enfant esseulé trouve dans la musique une raison de vivre. Adulte, il passe à côté de sa vie sentimentale. Autiste, il gâche en grand partie son existence. Il oublie son mentor, loupe le vrai amour de sa vie et épouse le mauvais parti. Un looser ou un crétin sans adolescence et qui fait ses conneries à trente ans bien tassés. Pathétique et pas très intéressant. Sans grandes aspérités, paradoxalement.

Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir une arme de prestation massive en la personne de cet hallucinant Kirk Douglas, capable de tout jouer avec un naturel sans faille. Il n'y a pas de mots je crois pour décrire la haute admiration que je lui voue, et ce de manière toujours croissante, au fur et à mesure que je découvre avec stupéfaction la richesse et la diversité des rôles qu'on lui a attribués, en même temps que la simplicité avec laquelle il les a endossés. "Hooo, il m'épate, il m'épate, il m'épate".
Il n'est pas besoin de voir ce film en particulier pour connaitre le doux cahot que provoquent la beauté froide et chaude, sucrée salée de Lauren Bacall, la profondeur de son regard, ce "look" si tendre et si braguette à la fois. Mais sur une scène, j'avoue que la finesse de son cou, la courbe de sa nuque dénudée m'ont saisi au col et baladé plusieurs secondes sur une planète inconnue. Quelle cambrure! Je suis sûr et certain que le collier n'a rien à voir avec ce soudain émoi. Non, il s'agit bien de son cou. Une envie folle d'y coller des smacks avaleurs m'a pris aux lèvres. Illico presto. Mamma mia!

Autres moments où l'on posera les yeux avec plaisir sur ce film : toutes les fois où Monsieur Curtiz (avec sa filmographie, on se doit de l'appeler Monsieur si Maître est déjà pris) s'est amusé à filmer ses ombres parlantes, ses jeux de miroir ou New-York et ses lumières de l'aube. Magnifique! Quelques plans ravissent l'oeil de l'aficionado photographique.

Rien que pour ses trois cadors, le film vaut d'être vécu. 7/10, pour eux. Dommage que l'histoire ne soit pas à la hauteur.
Alligator
7
Écrit par

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le 1 mars 2013

Critique lue 508 fois

Alligator

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