Documentaire terriblement décevant réalisé par un ancien assistant personnel de Lina Wertmüller qui n'a rien d'un réalisateur.
Mais que viennent faire ces séquences interminables sur la déco intérieure des maisons de la réalisatrice ? Pourquoi tant d'importance donnée à sa vie privée ? Pourquoi cette omniprésence de la musique en de longs clips inutiles ? Pourquoi cette esthétique proprette et complaisante qui semble vouloir dire au spectateur "Vous avez vu comme je sais y faire " ? Valerio Ruiz apparaît comme un gamin béat d'admiration devant son idole mais incapable de nous raconter quoi que ce soit d'intéressant sur elle et son œuvre. Il faut par exemple attendre 40 minutes avant d'aborder le premier grand film de Lina, "Mimi Metallo" ! Le pire c'est que dès que Ruiz s'y colle, il ne sait pas quoi en dire...
Le montage des propos des uns et des autres ne répond à aucune logique, aucune construction, aucun point de vue. Ce qui est monté de l'interview de Scorsese, pourtant immense connaisseur du cinéma italien, est sans intérêt. Lui-même semble dépité par les questions qui lui sont posées.
Ruiz ne sait pas quoi faire non plus de l'opulence apparente dans laquelle vivait Wertmüller (et qu'il se complait à montrer de long en large)... Cette douceur de vivre très aristocratique tranche pourtant de manière détonante avec le côté profondément anar et social de son œuvre. On aurait pu y trouver une piste d'exploration, une manière de questionner l'œuvre justement mais non, rien, le documentaire se contente d'accumuler les témoignages de manière hasardeuse. On est parfois réveillé par la pertinence d'un propos, mais il est vite noyé par d'autres, plats et insipides, ou juste mal placés dans le montage.
Les choix de réalisation sont tout aussi incompréhensibles. L'ouverture du documentaire par exemple, s'attarde (en longueur...) sur des détails des lampes colorées de la maison de la réalisatrice. Le chef-op sait faire, c'est beau, c'est mignon, c'est velouté. Parfait. On ne sait pas à quoi ça sert mais peut-être qu'on saura plus tard. Puis viennent les intervenants, tous filmés sur fond noir avec à leurs côtés... une de ces lampes colorées qui rappelle la présence de la réalisatrice ! C'est ridicule mais ça fait partie des brillants dispositifs mis en place par notre réalisateur de génie.
Ce documentaire est d'autant plus décevant qu'à ma connaissance il n'en existe aucun autre sur elle. Si des spectateurs étaient amenés à découvrir pour la première fois le cinéma de Lina Wertmuller à travers ce doc, j'ai bien peur qu'ils n'aient plus du tout envie de voir ses films. Si vous avez 2 minutes, allez plutôt chercher sur le net une petite vidéo de Terry Gilliam faisant l'éloge de Wertmüller, vous aurez tout de suite envie de vous jeter sur le premier film accessible de cette réalisatrice hors-norme !