Très chouette film.
Le concept de caméra subjective est utilisée assez étrangement : pas de continuité, pas tellement de longs plans séquences, mais des bouts de plans qui s'accumulent, avec cohérence linéarité quand même, mais tout ça fait un peu penser à un souvenir dont on ne se souviendrait que de certains passages, les plus importants. Cela permet de conserver une certaine esthétique propre au cinéma.
Et cela permet aussi de rythmer la narration correctement, en allant à l'essentiel. Pour un récit assez simple, mais dont il était important d'approfondir les deux personnages principaux, Le récit intrigue par son héro, un connard manipulateur (le film sortirait aujourd'hui, il serait p'tet bien porté par le mouvement #metoo) et une jeune femme un peu naïve oui, mais qui sait aussi se réapproprier le pouvoir de temps à autre, qui n'est dont pas seulement une victime. Et c'est ça qui est assez magique dans ce film, c'est cette passation de pouvoir, la manière dont chacun profitera de l'autre à un moment ou un autre, avant de rendre le flambeau à l'autre. Le tout avec des dialogues bien écrits, avec des mots bien choisis, lourds de sens.
La mise en scène est plaisante, le découpage surprend au début, mais passé les premières minutes, une fois dans le bain, ça passe assez bien, on se laisse porter par le flots d'images, de scènes, de dialogues. Il faut dire aussi que Isabelle Carré apporte énormément au film, pas seulement pour avoir eu le courage de se mettre à poil, mais aussi, parce qu'elle dégage vraiment quelque chose, que ses réactions paraissent spontanées alors que jouer en fixant une caméra n'a sans doute pas été facile. On appréciera aussi la voix de Harel qui répond bien au jeu de Carré, de quoi se demander si tout a été fait sur le plateau de tournage ou s'il y a eu doublage par la suite.
Bref, un chouette film.