Revu le 19 janvier 2017

La Femme du dimanche (La donna della domenica) est un (pseudo) film policier italien réalisé par Luigi Comencini, écrit par Carlo Fruttero et Agenore Incrocci, d'après le roman éponyme de Carlo Fruttero et Franco Lucentini, paru en 1972... qui met en scéne (sur une bonne musique composée par Ennio Morricone) l’enquête du Commissaire Salvatore Santamaria (joué par le toujours formidable Marcello Mastroianni) et son collegue le Commissaire De Palma (joué par Pino Caruso)... sur la mort d'un minable architecte Garrone (joué par le très bon Claudio Gora), mondain et obsédé sexuel assassiné à l'aide d'un gros phallus de pierre qui lui appartenait.... parmi les suspects il y a la très jolie Anna Carla Dosio (superbe Jacqueline Bisset), un riche bourgeoise qui s'ennuie auprès de son industriel de mari... l'ambigu Massimo Campi (joué par le toujours excellent Jean-Louis Trintignant) un jeune homme issu d'une grande famille, qui cache d'avoir passé le soir du crime avec son petit ami, Lello Riviera (excellent Aldo Reggiani), un jeune fonctionnaire municipal qui décide de mener sa propre enquête pour le sauver.... les soeurs Inès et Virginia Tabusso (jouées par Lina Volonghi et Maria Teresa Albani) habitant une somptueuse villa ancienne sur les collines ou se déroule des champs de prostitution nocturne... et d'autres personnages aussi pittoresque que Vollero (joué par Gigi Ballista) un drole de témoin avec son petit chien ou Benito (joué par Omero Antonutti) égalant de snobisme et de futilité mêler dans un vaste trafic de phallus sculptés...

Sous le prétexte d'un polar, le grand Luigi Comencini signe une analyse de la société italienne des années de plomb ou le scénario oppose sans cesse les membres de la haute société industrielle turinoise - raffinés et à la perversité bien dissimulée - au bas peuple : ainsi, les élites habitent dans de vieilles demeures juchées sur les collines, à l’écart d’une populace qu’elles considèrent comme de la vermine, tandis que les individus lambda se situent dans la plaine, au milieu des putes et des maquereaux.... Géographie des lieux symbolique de cette fracture entre classes sociales... ou le commissaire, prolétaire par définition, ne fera qu’une furtive incursion dans cet univers confiné, perturbant à peine le quotidien de cette bonne société repliée sur elle-même. Témoin du déclin de cette aristocratie gangrénée par le vice et l’argent... Luigi Comencini réalise une œuvre pseudo policiere qui est pamphlet politique amer où personne ne peut s’affranchir de ses origines... ou la beauté très aristocratique de Jacqueline Bisset (sublime comme toujours), ainsi que le charme latin de Marcello Mastroianni opèrent sans problème et permettent de compenser les faiblesses de ce faux polar, bien plus intéressant par son approche de la société italienne que par ses quelques rebondissements (par ailleurs je défie quiconque de trouver le coupable avant la fin)... enfin bref, Luigi Comencini nous livre un film a voir comme tel.