La femme du fossoyeur nous convie à un voyage à Djibouti, auprès d'une famille où le père n'a pas toujours du travail, où la mère doit subir une opération coûteuse et où le fils traverse une crise de préadolescence. L'histoire est simple mais elle est transcendée par des personnages lumineux et une mise en scène qui combat la dureté du quotidien, jamais montré de manière misérabiliste, en privilégiant de rares moments précieux : l'alchimie d'un couple, un mariage, des conversations dans un café, etc. Le film se déplace, de la ville au désert en passant par un petit village isolé et indique en sous-texte que la région a été en grande partie oubliée par la modernité : aucune trace de portables ni d'internet tandis que l'hôpital n'a pas d'anesthésiste à demeure. Malgré un rythme parfois peu soutenu et un dénouement décevant, La femme du fossoyeur fait partie de ces œuvres dont la dignité et la sensibilité ne peuvent laisser indifférent. Son regard est à comparer à celui de Dhalinyaro (2018), le film de la réalisatrice djiboutienne Lula Ali Ismail, qui s'attachait plus particulièrement au portrait de trois lycéennes confrontée à une alternative : partir du pays ou rester. Deux visions et thématiques différentes au sein de ce cinéma de la corne de l'Afrique dont le développement ne semble passer que par la mise en place de coproductions internationales.