Il me faut tout d'abord résister à la tentation de vitupérer longuement sur ces enflures de nazis, puis d'enquiller sur tous ces gens repoussants qui abusent de leur petit pouvoir dans n'importe quelle autre situation qu'une guerre mondiale, sous peine de me voir taxer d'attentat à la loi Godwin... mais quand même, j'ai eu à l'esprit pas mal de représentants de ma hiérarchie au boulot, mais aussi de Ministres en exercice dans notre beau pays, ou encore d'occupants de maisons d'une certaine couleur ou de bureaux d'une certaine forme de l'actualité récente... bref, faire un film sur la 2ème guerre mondiale, c'est encore et toujours parler de nous, avec une acuité dérangeante. Donc, je n'insiste pas, tout le monde voit déjà très bien ce que je veux dire. Je passe donc directement au côté Me too de cette biographie en images d'un couple de résistants polonais. Parce que, c'est dans l'ère du temps mais ça n'a pas encore été si fréquemment traité dans les fictions historiques (dans The Good German, si, quand même), la terreur imposée aux femmes par le chaos politique est ici largement développée, à travers deux personnages assez forts pour marquer les mémoires : l'héroïne qui donne son titre au film, en but à la convoitise d'un gradé allemand, et une toute jeune femme attaquée par deux bas du casque absolument inconscients de leur capacité de nuisance, mais parfaitement au fait de l'avantage que leur uniforme d'envahisseur leur procure. Au final, on ne sait lequel blâmer en priorité : l'homme éduqué qui utilise son ascendant avec une feinte innocence frisant la perversité ou les butors auxquelles une moelle épinière suffirait amplement en guise d'encéphale. Ça m'a occupée un bon moment, et je retiens donc cette proposition de réflexion comme l'un des intérêts principaux de ce film au demeurant cousu de fils blancs. C'est toujours méritoire de tenter de donner de la substance à la souffrance indicible des femmes dans ce monde de brutes épaisses. Pour le reste, tout est d'un classicisme qui pourrait être lassant : la grâce exagérée de cette femme libre et belle et sensuelle et gentille, qui a l'air d'une fée susceptible de transformer en bon pain tout ce qu'elle touche, le portrait de la misère des juifs du ghetto de Varsovie, la bêtise crasse des troupes d'occupation, la dignité des polonais pris dans l'étau nazi... tout est taillé dans un marbre rutilant, mais l'émotion est quand même parfois au rendez-vous (même s'il lui arrive de s'appuyer honteusement sur des petites boules de fourrure aux grands cils expressifs...). Au moins, on sait où on met les pieds.

Créée

le 20 août 2019

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