Versatile, l'espiègle !

La Femme et le pantin est un livre de Pierre Louÿs publié en 1898 qui raconte comment une jeune femme rend presque littéralement fou un homme en se refusant perpétuellement à lui. Ce petit roman semble avoir particulièrement fasciné le cinéma, puisque pas moins de huit versions existent entre 1920 et 2006.

Après le Baroncelli, avant le Duvivier avec Bardot et le Bunuel avec Carole Bouquet, Sternberg propose sa version en 1935, forcément avec Marlène.

Le problème pour adapter La Femme et le pantin tient au caractère particulièrement versatile de la jeune demoiselle, difficile à rendre crédible sur écran. Bunuel poussera le vice jusqu'à faire jouer l'héroïne par deux actrices différentes, procédé relativement raté par ailleurs... Ici, Marlène doit tout faire toute seule, et, c'est assez étrange. Son jeu oscille entre représentation tragique et grotesque, un peu comme tout le film, et ça fonctionne mieux à certains moments que d'autres... Le côté farce est renforcé d'ailleurs par la présence barbue du grand Edward Everett Horton que l'on ne voit, hélas, pas assez...

Le jeune premier est le Cesar Romero dont je vous parlais sur la Dame au manteau d'Hermine, on va dire pour sa défense qu'il a bien le type Espagnol... Et sinon, on retrouve plein de points communs avec Agent 32X, une longue scène de carnaval, Marlène qui grimace de partout, des scènes presque muettes, entre autres...

Le problème c'est que La Femme et le pantin n'est pas un ouvrage dont l'histoire est primordiale. Toutes les difficultés pour rendre le personnage crédible n'existent guère dans un livre qui emporte le tout dans un des plus beaux exemples d'écriture en langue française que j'ai pu lire dans ma vie et on peut se demander si toutes ces adaptations cinématographiques ne sont pas, les unes après les autres, passées à côté de l'essentiel.