Il y a parfois des films où l’on ressent une impression de gâchis. Pas qu’il soit raté ou vraiment mauvais mais plutôt que le sujet méritait beaucoup mieux. En effet, celui de « La femme la plus détestée d’Amérique » proposait pourtant le portrait d’une femme de haut vol, un portrait qui promettait un biopic passionnant. Malheureusement ce ne sera pas le cas tant les scénaristes et le metteur en scène passent à côté de leur sujet et ne choisissent pas du tout le bon angle pour s’attaquer à la vie de cette dame qui a marqué l’histoire américaine. Une dame au caractère bien trempé, à la vie bien chargée et grâce à qui de grandes avancées sociétales concernant la laïcité et la religion aux Etats-Unis ont été gagnées. Un rôle en or pour son actrice principale et un parcours auquel ce film ne fait pas vraiment honneur.
Là où une trame de biopic classique eut été bien plus efficace (pour une fois et au risque de verser dans les passages obligés de ce genre si codifié), le script préfère le traiter sous l’aspect du thriller et adopter un montage en flash-backs avec la fin comme début. Ce dernier procédé étant bien trop utilisé actuellement pour faire illusion ou nous apparaître palpitant surtout qu’il ne sert ici absolument pas le propos. Il permet tout au plus de garder le rythme pour un film bien trop court et mal écrit au vu du potentiel romanesque, politique et humain de son postulat. Madalyn O’Hair est de plus montrée sous un jour peu reluisant ce qui minimise ses combats et son engagement personnel. Le réalisateur Tommy O’Haver inconnu au bataillon ne semblait pas la personne la plus à propos pour rendre grâce à celle-ci.
« La femme la plus détestée d’Amérique » se mue donc en un hybride. Hybride narratif entre suspense peu captivant d’un côté et évocation de quelques faits notoires de la vie de cette dame de l’autre associé à de fausses images d’archives. Cependant, il passe à côté de ce qui en faisait vraiment le sel. On dirait un téléfilm, sympathique tout au plus, et la réalisation vieillotte et sans idées dont il se pare ne l’aide aucunement tout comme des seconds rôles approximatifs. Heureusement, Melissa Leo (actrice régulièrement sous-exploitée) fait ce qu’elle peut et nous réserve une belle prestation. Le film se suit néanmoins sans déplaisir jusqu’à son dénouement, forcément attendu. Mais il y a une frustration qui naît pour le spectateur de ne pas avoir pu intégrer ce qui faisait l’essence de cette destinée méconnue mais ô combien importante. Une occasion manquée en quelque sorte à défaut d’être un navet.
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