Une oeuvre profondément fascinante. Ce qui caractérise le mieux la puissance hypnotique et narrative de ce film-monstre reste certainement le traitement de l'ombre et de la lumière effectué par l'épatant Lav Diaz : une écriture cinématographique presque intégralement régie par la mise en scène, cette dernière s'avérant remarquablement précise et homogène.


En limitant les valeurs de plan et en laissant le mouvement s'installer au coeur de longs plans-séquences fixes Lav Diaz réalise là un film d'une modernité quasiment inespérée en ce début d'année 2017. Le travail opéré sur la pénombre reste l'un des points esthétiques névralgiques de ce drame contemplatif. Ainsi le spectateur vierge de toute information préalable distinguera les contours et les visages des différents personnages au rythme lent et sidérant d'une obscurité particulièrement présente : ici un travesti secoué de spasmes dans une rue déserte, là un bossu bienveillant mais moins dupe qu'il n'y paraît, là encore une héroïne aux identités multiples...


La femme qui est partie reste avant tout et surtout un film qui se devine. Peu de choses sont clairement explicités par Lav Diaz, le cinéaste laissant peu à peu les enjeux de côté pour mieux dessiner une trajectoire, une destinée à l'amicalité pour le moins communicative. Calme, envoûtant, également ascétique mais non dépourvu de tensions dramatiques ce film reste l'une des grandes surprises de ces dernières semaines. Un film qui donne envie d'en voir et d'en savoir davantage sur ce Lav Diaz peu commun. A découvrir !

stebbins
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le 3 févr. 2017

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