Coupable !
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le 20 sept. 2020
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Deuxième film d'Hong Sang-soo sorti cette année et j'ai l'impression que plus ça va, plus HSS semble s'éloigner du marivaudage qui avait fait sa marque de fabrique. Ses films semblent s'épurer de tout artifice narratif. Je dis "semble" car finalement on a la même structure qui se répète trois fois, mais c'est fait tellement simplement et sans esbroufe qu'à aucun moment le scénario ne paraît mécanique. Ici on boit peu, on parle toujours beaucoup, mais les hommes sont quasiment absents et les rares moments où sont présents transpirent plus la gêne qu'autre chose. Le sujet c'est juste ça : des femmes qui parlent.
La Femme qui s'est enfuie est donc vraiment un film de femmes, on les écoute parler, de tout et de rien, de leur vie, de leur travail, de leur divorce et la beauté du film est là, dans ces conversations. Conversations qui ont systématiquement comme point de bascule un homme qui débarque et qui sème la zizanie. C'est comme si ces femmes pouvaient vivre sans homme.
C'est ce qui rend l'intervention masculine d'autant plus frustrante. Il n'a pas l'air de faire bien chaud dehors et voir ces femmes discuter ensemble dans un appartement bien aménagé ça a quelque chose de douillet... et pour parler avec ces hommes il faut sortir dans le froid... sortir de son petit confort agréable pour écouter quelque chose qui n'a pas vraiment de sens.
En effet, dans le film les hommes tiennent des discours abscons, on ne sait pas vraiment ce qu'ils veulent et ils viennent toujours troubler la quiétude.
C'est sans doute le film qui a un discours quasiment misandre le plus réussi que j'ai vu et que traite ça tout en subtilité et en finesse.
Et puis comme souvent chez HSS il y a un petit côté voyeur. Comme dans Hotel by the river on voit Kim Min-hee observer, être un peu passive, voir les événements, ne pas forcément chercher à influer sur eux... HSS va filer sa métaphore du spectateur de cinéma jusqu'à la montrer en train de regarder ses amies sur des écrans de vidéo surveillance.
Alors si je dois dire que je préfère lorsque HSS nous montre du marivaudage super gênant avec des personnages beaucoup trop maladroits pour qu'on n'ait pas envie de se cacher les yeux, sans doute car il me touche plus, cette Femme qui s'est enfuie reste néanmoins un film assez délicieux qui se savoure, tous comme ces femmes savourent ces instants seules.
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Créée
le 20 déc. 2020
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