En 1963, alors que Claude Lelouch croulait sous les dettes à la suite de son premier film, Le propre de l'homme, le producteur Pierre Braunberger lui donnait une commande, à savoir un documentaire qui valoriserait la Femme. Le réalisateur va ainsi livrer une première version de 2h15, que la censure de l'époque va amputer de plus de 50 minutes, à jamais perdues, mais qui sera repris en mains par son producteur qui va remonter ce qui reste, au grand dam de Lelouch, qui reniera le résultat. Mais malgré cela, beau joueur, il en tolère encore aujourd'hui la diffusion, tout en reconnaissant que c'est très mauvais, non seulement le film en lui-même, mais ce qu'il a filmé.
Car, comme il dit, le résultat est d'une effroyable misogynie envers les femmes, qui ne sont montrées que dans un but de reproduction, scène d'accouchement à la clé, ou en tant que danseuses légères, nues ou peu vêtues, mais toujours dans une soumission et un dévouement pour les hommes qui serait scandaleux de nos jours. C'est tourné dans le style mondo, avec un commentaire en voix off de Gérard Sire, et des scènes amusantes où Jean Yanne, dans un de ses premiers rôles, interviewe des femmes sur des questions aussi saugrenues que la célébrité... ou la nudité. Dans ce fatras indescriptible, je sauverais surtout un moment, situé à la fin du film, où un jeune soldat rencontre une masseuse, et ces quelques minutes préfigurent le style Lelouch à venir, avec les dernières minutes où une mariée se trouve au sommet de la Tour Eiffel, seul moment où c'est tourné en couleurs.
Cela dit, comme le précise Lelouch dans son introduction (à l'occasion de la VHS sortie dans les années 1980), le film est une erreur amusante à voir, mais c'est clairement d'un autre temps sur la vision de la Femme.