La Femme sur la plage par NickyLarson
J'avais lu et entendu que les films que Renoir réalisés à/pour Hollywood étaient en marge du reste de son oeuvre, et dans la séquence introductive du DVD Serge Bromberg prend soin de rappeler l'aversion qu'il a développée à l'égard de cette industrie. Ce dégoût, cette fatigue aliénante se ressentent constamment au long du film. Des séquences typiquement hoolywoodiennes à la limite de la caricature semblent juxtaposées abruptement, agrémentées de vestiges faiblards de symboles patriotes, sans ménagement pour la continuité du développement des personnages ou du semblant d'intrigue. Le film conserve toutefois une esthétique intéressante, et, malgré le fil narratif claudiquant et ténu, reste plaisant à regarder. Ne serait-ce que pour l'audacieuse transposition d'un banal quadrangle amoureux, bâclé à tous les niveaux, dans une esthétique communiquant une tension proche de celle du film noir (sans doute pourquoi il lui est souvent assimilé, à tort de mon point de vue), La femme sur la place tient une place à part, pas uniquement dans la flimographie du réalisateur mais dans le contexte de l'époque. Il transcende les genres, si bien que le spectateur se retrouve aussi déboussolé que les ersatz de personnages qu'il regarde s'essayer très joliment à un spectre épars d'émotions sans queue ni tête.