La fiancée du poète, telle qu'imaginée par Yolande Moreau, et interprétée par elle-même, habite Charleville-Mézières. Si son film n'est pas rimbaldien, il témoigne cependant de toute la fantaisie que l'on connaît depuis toujours à l'actrice/réalisatrice, un côté rêveur et bohème qui s'accommode de quelques arrangements avec la morale et les mensonges, à partir du moment où ces derniers rendent la vie plus douce et moins monotone. Comme attendu, La fiancée du poète est un peu foutraque, avec des personnages très attachants, bien plus intéressants, pour être honnête, que l'histoire improbable dans laquelle ils sont embringués et qui somnole parfois entre quelques coups d'éclat. A qui, alors, outre Yolande Moreau, qui reste à part, revient l'honneur de décrocher le pompon de l'interprétation la plus baroque ? Cela pourrait être Grégory Gadebois, impayable, Estéban, hilarant, ou encore Sergi Lopez, délicieux. Mais non, le plus surprenant de la bande est un débutant au cinéma, qui affiche gaillardement ses 76 ans (au moment du tournage), à savoir l'inénarrable William Sheller, qui joue le décalage de son personnage avec une envie évidente et un talent qui ne l'est pas moins, comme un contrepoint parfait à la singularité de sa réalisatrice.