Le troisième long-métrage de l’inénarrable Yolande Moreau fait partie de ceux qu’on avait trop envie d’aimer avant de rentrer dans la salle. Par le côté sympathique et décalé qu’inspire cette personnalité reconnaissable entre toutes et à part dans le monde du cinéma français et par la promesse d’une œuvre lunaire, poétique et fraîche. Depuis devenue une comédienne de premier plan et une cinéaste qui prend son temps, elle avait été découverte dans la série télévisée des années 90, les Deschiens, puis souvent abonnée à des seconds rôles dans des comédies que sa gouaille singulière illuminait. Petit à petit, elle s’est imposée jusqu’à obtenir des premiers rôles dont celui marquant de la peintre « Séraphine » qui lui a valu un César. Fidèle de nombreux univers dont, par exemple, celui du duo Kervern/Délépine, elle s’était essayée à la réalisation il y a vingt ans avec le petit succès de « Quand la mer monte », en a eu moins avec « Henri » et nous livre aujourd’hui « La Fiancée du poète » qui confirme qu’on la préfère tout de même devant que derrière la caméra. Pas que ces films soient véritablement mauvais mais ils font tous un peu bricolés et manque d’une écriture plus exigeante. Comme si Moreau tâtonnait et que, conséquemment, la somme de plein de petits défauts surpassait les quelques très bonnes choses que l’on voit dans ces films pleins de bonnes intentions et qui lui ressemblent aussi, rêveurs et à la marge.
Pourtant, le long-métrage commence plutôt bien avec l’arrivée de cette vieille femme - jouée par l’actrice réalisatrice dans un registre qu’elle ne connait que trop bien - dans son village natal où elle a hérité de la grande maison délabrée de ses parents. Un endroit dont elle va louer les chambres à une bande hétéroclite de personnages gentiment azimutés. Mais on sent déjà dans le premier quart que le film patine et que l’histoire et l’arrivée des locataires peine à s’enclencher. Et tout le film d’avoir cette désagréable impression que ça se traîne et pour pas grand-chose. « La Fiancée du poète » parle de débrouillardise, de petits arrangements pas toujours clairs des plus démunis avec la société ou encore de la famille qu’on se créé et des dernières chances mais avec un problème majeur : il lui manque un scénario digne de nom... En effet, il n’y a pas de ligne narrative claire, le script avance à vue, comme écrit sur le moment au gré des humeurs. Quelques scènes inventives fonctionnent (la vente du tableau et un bel hommage au cinéma d’antan) quand d’autres plus oniriques dénotent et ne prennent pas (le cerf sur le lac). Et outre les longueurs et digressions inutiles, le film se pare d’un beau casting pas toujours bien exploité malgré tout le bien que l’on pense des acteurs qui les jouent (notamment Sergi Lopez). De plus, on rit peu, on sourit à peine alors que cette histoire anecdotique au charme gentiment bucolique et libertaire aurait pu sortir la tête de l’eau par le rire ou l’émotion. Au final, plus le film avance plus on se lasse et malgré toutes les bonnes intentions et un univers tendre et loufoque, on n’accroche que trop peu.
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