Le gouffre est assez impressionnant entre le précédent film du cinéaste (Le studio amoureux) et celui-ci, pourtant sorti à quelques mois d'écart. Ici, on sent vraiment la pâte stylistique d'Ophuls avec pas mal d’objets placés au premier plan qui viennent obstruer l'image sans oublier quelques mouvements de caméra qui font déjà preuve d'une solide maîtrise. Il manque encore un peu de justification et d'implication émotionnelle mais on devine en tout cas une personnalité autrement plus marquée, y compris dans le traitement du scénario assez malicieux et lumineux. Le quatuor marche parfaitement entre décontraction et de spiritualité « viennoise ».
Ophuls a l'air bien plus l'aise en extérieur qu'en studio et la mise en place est un petit régal à ce titre qui réussit à se passer des dialogues. On voit qu'il prend un vrai plaisir à filmer cette (double) communauté et ses habitants.
Sa durée assez brève impose en revanche certain raccourcis dans le déroulement qui ne sont heureusement pas si gênants et qui permettent surtout de garder la bonne humeur des personnages tout en évitant certains clichés de ce genre de comédies romantico-musicale (comme les passages où un malentendu crée une brouille passagère au sein des couples).