Dans le bon sens du terme, Petrov’s Flu a été un film lessivant à regarder. Le génie de Kirill tient à cette exubérance de créativité provocatrice. Il repousse constamment les limites de l’imaginable en truffant son film d’idées de mise en scène déjantées, jusqu’à asphyxier le spectateur d’un trop-plein, une sorte d’ivresse cinématographique. Serebrennikov nous entraîne donc dans ce voyage complètement hallucinant, voire surréaliste divisé en trois actes narratifs à travers la Russie post-soviétique où la violence, la cruauté, le chaos, et la saleté sont prépondérants. Sans aucun doute, cette « fièvre de Petrov » ne peut être qu’une allégorie du gouvernement actuel qui empoisonne son peuple, faisant écho à son absence sur le tapis pour cause d’assignation à résidence. Tout au long du film, le questionnement est constant : est-ce un rêve, la réalité, ou bien un souvenir ? Nos habitudes de spectateurs assistés, constamment livrés à des sursimplifications scénaristiques, sont chamboulées et notre concentration mise à rude épreuve. Tant mieux ! Un des rares torrents cinématographiques de la sélection cannoise (film découvert au festival)