Bon documentaire sur la vie des physiciens des particules, "Particle Fever" nous en apprend peu sur les particules elles-mêmes. C'est sa faiblesse et son point fort. Il a définitivement le mérite de nous rappeler que l'humanité poursuit d'autres buts que le PIB ou l'i-Pad.
C'est toujours un choc de voir des images du collisionneur du CERN. On oublie que la plus grande machine jamais construite par l'homme existe chez nous, et ne sert pas à défoncer des montagnes ou construire des autoroutes, mais à traquer l'invisible et presque l'indicible. Levison nous fait circuler (un peu) dans les couloirs de ce qui ressemble à un complexe ultra-secret digne d'un film de sci-fi. On y contemple des machineries de plusieurs étages de haut enfouies dans le sol. Le film arrive a faire passer le côté pharaonique de cette science des particules qui invente des monstres technologiques pour trouver des entités quasi-magiques.
Les acteurs du film sont ces physiciens, jeunes et vieux, qui s'affairent autour de l'énorme bête en construction permanente. D'un côté des théoriciens aux cheveux longs, joueurs de ping-pong et scribouilleurs de tableaux noirs , de l'autre une jeune technicienne, rebutée par la théorie mais passionnée par les moyens techniques qui la prouverait juste. On verra aussi des physiciens plus âgés qui bossent depuis trente ou quarante sur ces théories extrêmes en attendant le cœur battant que le collisionneur du CERN prouve ou démontent leur travail. On ne comprend pas ce que font ces gens, mais on a envie qu'ils arrivent à leurs fins.
Le film commence d'abord ironiquement avec la fin du projet américain, jeté aux orties par cette Amérique conservatrice, débile et mortifère, qui a caractérisé les années 90 et 2000. Combien de scientifiques américains ont du pleuré de dépit devant tant de bêtise. Heureusement l'Europe a repris le flambeau avec panache et construit le monstre du CERN. On assiste à son premier tour de piste, puis à sa première panne, (gros moment de solitude pour des physiciens qui avaient trop célébré la veille) et on arrive deux ans plus tard à cette phénoménale découverte de La particule qui manquait dans le bestiaire atomique.
Un chouette documentaire donc, un peu trop démago (on insiste beaucoup sur ces jeunes scientifiques "hype" et sur le côté médiatique de l'événement au détriment du sujet, d'où ma note), mais qui ouvre une fenêtre bienvenue sur cette activité de fourmis géniales qui a lieu chaque jour presque à notre insu et dont le but est ni plus ni moins que de découvrir la finalité du monde. Et qui nous rappelle que la machine la plus importante dans le monde de la physique quantique reste .... la machine à café .
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