Sorti en 1940, produit par la MGM et réalisé par Jack Conway, « Boom Town » est adapté d’une histoire de James Edward Grant et traite de la période de la ruée vers le pétrole aux Etats-Unis au début du XXe siècle. Son casting s’orne de quatre têtes d’affiche prestigieuses : Clark Gable, Spencer Tracy, Claudette Colbert et Hedy Lamarr.
Le film s’ouvre sur une forêt de derricks, ces étranges tours en croisillons qui soutiennent les puits de forage de pétrole. Nous faisons bien vite la connaissance de Jonathan « Shorty » Sand et de John « Big John » McMasters, deux prospecteurs sans le sou qui se lient rapidement et décident de s’associer.
Après quelques péripéties, nos deux compères font fortune grâce à la richesse du gisement découvert par Sand. Les derricks se multiplient, l’entente est au beau fixe. McMasters, boute en train et passionné, enchaine les conquêtes au saloon local, tandis que Shorty, plus raisonné, s’occupe des finances, et écrit régulièrement à sa dulcinée, Betsy, dont il donne le nom à l’un de ses puits.
Un beau jour débarque en ville une jolie demoiselle de bonne famille, propre et bien habillée. McMasters fait sa connaissance, et ils se plaisent très vite. C’en est fini de la tranquillité à Boom Town…
J’ai beaucoup d’affection pour « Boom Town » ou, et le titre français est très bien – pour une fois –, « La Fièvre du pétrole », qui traduit fidèlement le sujet du film. Le réalisateur mêle habilement les genres, et soutenu par un duo d’acteurs au top, le film est très agréable.
L’histoire se construit sur un ‘rise & fall’, portant nos pétroliers au sommet avant de les voir chuter. Sauf qu’ici la formule est différente : chaque échec n’est que le prétexte à recommencer tout à zéro, en changeant de méthode, d’endroit…
Je ne suis pas familier du genre, mais j’ai trouvé que « Boom Town » faisait un excellent travail pour recréer l’atmosphère de cette ruée vers l’or noir. Les premiers passages, dont l’on trouve un écho certain chez Morris avec « À l’ombre des derricks », sont très énergiques, détaillés et réussis. Il se dégage une bonne humeur contagieuse chez ces prospecteurs de pétrole, liquide répugnant qui imprègne tout, coule dans les rues, et provoque chez les hommes de telles folies qu’ils en abandonnent même leurs églises. Durant toute la première partie du film, cette ambiance western est très réussie.
Dans un sens, « Boom Town » est aussi un ‘buddy-movie’, un film qui célèbre l’amitié, celle qui unit deux hommes, ‘Square John’ Sand et ‘Big John’ McMasters. Deux caractères qui se complètent, la glace et le feu, deux personnages unis par l’amour de la même femme et par la fièvre du pétrole, dont ils sont tous les deux atteints de manière incurable. Malgré les hauts et les bas que toute relation d’amitié peut connaître, chacun possède un immense respect pour l’autre.
Si le film est centré sur les excellents Spencer Tracy et Clark Gable, les femmes y jouent aussi un rôle important. Claudette Colbert interprète avec dignité son personnage d’épouse amoureuse et dévouée, véritable pilier de sa famille, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Hedy Lamarr n’apparaît malheureusement que bien trop tard dans le film, et campe une grande dame de la haute société New-Yorkaise, où elle a ses entrées. Sa beauté et son accent sont un ravissement pour les yeux et les oreilles, et elle possède beaucoup de classe. Son rôle est néanmoins assez limité.
Bien sûr, « Boom Town » n’est pas parfait, et possède de nombreux petits défauts. La construction du film, sur une succession de cycles de ‘rise & fall’, pourra sembler répétitive. Cela dit, Jack Conway nous emmène, l’espace de deux heures, suivre les aventures de deux caractériels qui deviendront les meilleurs amis du monde, dans une ambiance très chouette de ruée vers le pétrole. Les acteurs sont au top, et c’est finalement un divertissement très sympathique, et un film qui gagne à être connu.