Il y a plus de trente ans j'avais adoré ce film, vu au Cinéma de Minuit, l'un de mes premiers classiques de l'âge d'or du cinéma italien. Je me rends compte aujourd'hui que le plus grand atout du film, et ce qui m'en rendait le souvenir si fort, c'est la plastique de Claudia Cardinale, vingt-trois ans à l'époque (je l'avais déjà vue alors dans Il était une fois dans l'Ouest mais je n'avais pas fait le rapprochement). Je devrais pour être plus complet parler de la qualité de la photo en général, en particulier pour les plages du côté de Rimini.
Cette histoire d'amour impossible est filmée avec beaucoup de sensibilité, et Valerio Zurlini a l'art de nous faire aimer les deux personnages principaux Aïda et Lorenzo, qui tels Aïda et et Radamès dans l'opéra de Verdi sont issus de milieux très différents, l'une étant pauvre et l'autre très riche. Ce qui a pu faire taxer le metteur en scène de marxiste, alors qu'il semble beaucoup plus sensible à la beauté des personnages et à la délicatesse des situations qu'à une quelconque critique sociale. Il n'en demeure pas moins qu'à l'inverse de l'opéra, et à cause des différences de classe sociale et aussi des différences d'âge, ai-je dit que Jacques Perrin avait l'air d'un gamin à l'époque?, l'histoire d'amour ne sera pas concrétisée, contrairement à ce que tout le monde attendait.
D'où la frustration des deux personnages principaux, et celle du spectateur en fin de compte. La fin nous fait revenir en boucle au point de départ, avec Aïda aussi seule qu'au début devant la gare avec sa valise et prête on le craint pour une nouvelle aventure tarifée avec un homme de passage. L'échec de cette histoire d'amour?