La bonne fortune
Quelle agréable surprise. J’ai vu un film touchant qui m’a prise au dépourvu et déposé une discrète larme au coin de l'œil. Ce genre de films qui donnent envie d’être amoureuse, passionnée, triste et...
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Quelle agréable surprise. J’ai vu un film touchant qui m’a prise au dépourvu et déposé une discrète larme au coin de l'œil. Ce genre de films qui donnent envie d’être amoureuse, passionnée, triste et heureuse en même temps. Un condensé d’existence. Un film juste, à la seconde près. Rien à enlever ni à rajouter. Le rythme est respecté au métronome. La musique ne s’arrête jamais brusquement quand la portière d’une voiture se ferme et que les passagers sortent de l’habitacle, au contraire : la musique sert le propos avec maîtrise et fait place aux dialogues avec douceur. Et quelle musique : Wagner ! Wagner sans affect, presque en silence. Wagner qui s’impose comme un premier émoi.
L’histoire est ultra-romanesque et aussi romantique, peut-être même un peu plus parce qu’elle est vraie. Une jeune cinéaste en fin d’études à la Fémis présente son projet de long, se pliant au sujet imposé : filmer la rencontre de ses parents. Les siens sont divorcés et ne se parlent plus. Ils jouent le jeu, jamais amers. Sincères, ils ne se souviennent que du meilleur, surtout leur fille. Lors de la projection à l’institution parisienne, ils se revoient. Le trouble s’installe comme au premier jour, il y a une vingtaine d’années. Ils se reconquièrent, ça se fait comme ça, avec la force du destin.
Lui, parisien, cadre sup’ d’une entreprise en pleine réorg’ qui étudie un plan social d’envergure. Elle, brocanteuse en province, au milieu d'une bâtisse historique et de champs de vignes. Entre les deux, leur fille, comme un pont suspendu.
Deux solitudes que celle-ci va réunir, à l’insu de son plein gré.
Isabelle Carré joue une partition qui lui convient à merveille : virevoltante, éclatante, vive et enjouée. Aussi solaire que les rayons pyrénéens, aussi légère et fraîche que l’Albe des monts espagnols. Bien qu’elle affiche cette silhouette d’éternelle juvénile, j’ai eu l’impression que depuis qu’elle avait écrit sa vérité intime ces dernières années, elle avait pris de l’envergure, de la maturité. Je l’ai trouvée épanouie et magnifique. Plus actrice que jamais en amoureuse d’un seul homme, de l’homme de sa vie, fût-ce au prix de concessions équivoques.
François Damiens, que j’avoue ne pas tellement connaître (je ne suis pas vraiment une fille de comédies), m’a attendrie. Il correspond exactement au personnage (autant moralement que physiquement), cet homosexuel contrarié à une époque où l’on soignait en catimini cette « maladie », attiré par les hommes avec lesquels il se contraint, et amoureux fou de sa femme, la femme de sa vie.
Leur sceau : la fille de ce grand amour.
Ce film est un bijou : élégant, arachnéen, simple et abouti. Qui rappelle la valeur du temps, les couleurs des saisons et la conscience d'habiter son existence pour le meilleur. Construit en poupées russes dont les sept poupées représentent la maternité, la fertilité mais aussi les sept divinités du bonheur.
La bonne fortune: pari gagné pour Agnès de Sacy.
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