(1961. FR : La fille dans la vitrine. ITA : La ragazza in vetrina
Vu en VOST, éditions DVD SNC-M6.)
Années 1950-1960’s. Vincenzo (Bernard Fresson), jeune italien émigre de sa Vénétie natale pour rejoindre la Belgique et tenter de subvenir aux besoins de sa famille en travaillant dans les mines. Bien vite, il déchante en découvrant les conditions dantesques dans lesquels des hommes, pratiquement que des émigrés, italiens principalement, travaillent au péril de leur vie, pour une poignée de florins. Après un grave accident dont il parvient à s’en sortir, Vincenzo décide de repartir en Italie, mais il compte passer un dernier week-end en compagnie de son collègue Frederico (Lino Ventura) …direction Amsterdam !
Il s'agit de mon premier film de Luciano Emmer, réalisateur italien peu connu, qui a tourné quelques films avec Marcello Mastroianni dans les années 1950's. Mais il a surtout tourné de nombreux documentaires. Un aspect réaliste que l'on retrouve dans La fille dans la vitrine. L'exemple le plus parlant étant bien sûr la séquence de la mine de charbon admirablement filmée dans un fort joli noir et blanc. L'enfer souterrain a rarement été montré avec une telle crudité et un certain symbolisme avec notamment cette belle image de la lumière du jour s'amenuisant lors de la descente de ces forçats auquel Emmer rend un brillant hommage.
Aspect documentaire cru aussi avec cette évocation des rues d'Amsterdam qui frappera ceux connaissant la Venise du Nord. Ici, pas de « coffee shop » ou de « weed », mais plutôt des prostituées et de l'alcool de genièvre à profusion ! Et ce sans tomber sans tomber dans la vulgarité ou le voyeurisme. Au contraire d'ailleurs, puisque Else (Marina Vlady) et Corrie (Magali Noël), les deux « filles de joie » trouvées par nos deux mineurs, dévoileront finalement un sentimentalisme et une pureté inattendue, voire inconcevable. Deux beautés froides qui illuminent le film.
Le jeune Bernard Fresson (French connection 2, Max et les ferrailleurs...) tient ici le rôle titre en ingénu découvrant le monde. Timide et neutre, son duo avec Ventura fait bien souvent songer au Fanfaron, en moins drôle et plus pessimiste. Notre personnage symbolisant à merveille l'incommunicabilité, rendue encore plus tangible par la barrière de la langue, et une certaine mélancolie sous-jacente, souterraine. Un certain fatalisme corroboré par la fin où finalement l'on se résout à vivre une vie qui nous inspire guère. Une vie triste et misérable, mais qu'une femme pourrait peut-être raviver...pour combien de temps...
Sous ses airs débonnaires, le personnage de Ventura n'est pas plus heureux, lui qui connaît les entrailles de la terre...et des putes néerlandaises sur le bout des doigts! Quasi-alcoolique, vulgaire, dragueur, vous conviendrez qu'il est rare de voir le Lino dans ce genre de rôles ! Une curiosité qui finit de rendre très recommandable cette comédie douce-amère, évoquant nombre de thématiques sans avoir l'air d'y toucher.
La Bande-Annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=8DpMQAbhRIE