Nouvelle-Orléans au début des années trente, une brave fille fiancée à un marin absent se fait séduire par son patron et est obligée de se prostituer après découverte de la liaison par la patronne… Suite à un drame qui la fait rechercher par la police, elle trouve refuge dans une île ne pratiquant pas l’extradition, sorte de havre pour les escrocs et meurtrier du monde entier.
Etrange film que ce Safe in Hell (les deux titres français restant plus que douteux), Wellman y fait montre de sa maîtrise habituelle, il arrive à nous prendre dès le début avec une vitesse foudroyante et un érotisme lancinant, puis nous transporte loin des prévisions, sur cette île à part, dans un décor d’une moiteur haletante, avec une tripotée impressionnante de dégénérés qui porte avec elle un charme non négligeable et même un fort potentiel comique.
Malheureusement, le ton n’est pas à la bonne humeur, le film se transforme en lourde tragédie moralisatrice qui reste péniblement en travers de la gorge.
Dans un rôle difficile, fruit de toutes les convoitises, Dorothy Mackaill est éblouissante, tour à tout lointaine et fascinante puis charnelle et désirable, elle assume sans faille ce personnage qui s’en prend plein la figure du début à la fin du film, jusqu’à écoeurement du spectateur…
Le reste du casting est charmant, avec un défilé de gueules cassées dont on retiendra entre autres le toujours marquant Gustav von Seyffertitz, sosie presque parfait de Henri de Régnier…
Film un peu mineur, donc, mais relativement original, dommage cependant qu’il n’ait pas profité un peu plus de la période pré-code Hays pour bousculer les codes moraux autrement qu’en filmant magnifiquement de jolies jambes.