Un film somptueux ou la nature irlandaise, magnifiée par la caméra de Lean, sert à exacerber les sentiments des personnages, personne ne filme la nature comme David Lean sauf peut être Terence Malick. On peut trouver également des similitudes entre « Ryan’s Daughter » et « Breaking the waves » de Lars Von trier, à commencer par la troublante ressemblance de leurs actrices principales, Emily Watson et Sarah Miles. Mais là où ce roublard de Von Trier faisait de son héroïne une martyre, une martyre sanctifiée qui plus est, celle de Lean, éprise de liberté, n’est motivée que par des passions bien humaines, très terrestres, prise dans la tourmente de la grande histoire (la révolution Irlandaise) elle sera victime de la cruelle et injuste vindicte populaire, sans aucun espoir de rédemption, ce qui en fait un personnage plus honnête dramatiquement parlant que celui de « Breaking the waves ». Reste autour de Sarah Miles un casting fabuleux, Robert Mitchum à contre emploi, dans le rôle d’un instituteur un peu effacé, toujours compréhensif, Trevor Howard dans celui d’un prêtre redresseur de torts, Christopher Jones en officier mystérieux traumatisé par la grande guerre et John Mills sorte de quasimodo des campagnes, un des personnages les plus touchants. Ajoutez à cela des moments de mise en scène quasi fantastique (la scène d’amour dans les bois, la tempête…) et vous obtenez un des 20 plus beaux films que j’ai vu de ma vie. La critique snobinarde de l’époque n’avait pas été tendre avec ce long métrage, Lean en fut tellement marqué qu’il ne tourna plus pendant plus de 10 ans, il est largement réhabilité depuis.