Etes-vous prêts pour ce chef d'oeuvre ?
Nul besoin est de rappeler encore une fois que la fille de Ryan est une sorte d'adaptation du célèbre roman de Flaubert, Emma Bovary.
Irlande, 1916, dans un petit village : Une des premières scène veut déjà tout dire !
-Au cœur du village, celui que l'on pourrait appeler "l'idiot du village" se fait humilier par une foule attroupée autour de lui, foule qui se meurt d'ennui, de misère et de chômage...
-Au même moment, sur le sable d'une plage sauvage et de toute beauté, une jeune femme, livre à la main, sautille au bord de l'eau, l'air rêveur et romantique !
Deux scènes en antithèse qui démontrent tout ce qui sépare la belle Rosy du reste des villageois et annoncent déjà une incompréhension entre les deux parties !
Quelques jours plus tard, Rosy Ryan épouse l'instituteur du village incarné par Robert Mitchum dans un rôle inattendu.
Cette union est vite une déception pour la jeune femme qui ne trouve pas dans son mariage le romantisme et la sensualité tant attendu...
La scène de mariage est exceptionnelle et marque encore plus le fausset entre le nouveau couple et le reste du village qui n'hésite pas, dans un geste assez violent, de jeter du mais aux carreaux des nouveaux mariés qui sont supposés consommer leur union.... Cette scène grossière montre bien que le corps de Rosy, et à travers son corps, le corps de toutes les femmes, appartient plus à la communauté qu'à elle-même !
La rencontre avec un jeune officier vient terminer d'éloigner Rosy de son mari,,,
Le premier baiser entre les jeunes gens est une scène remarquable : il est d'une rapidité surprenante, il se fait dans un mouvement instinctif mais il n'en n'est pas moins passionné, fougueux, intense...
Mais le chute est dure : les hommes du village viennent rompre la magie de ce premier baiser dans une scène grotesque et éloignée de tout romantisme... (les canards envahissent le bar ainsi que la rudesse et la grossièreté de ces hommes)
Très vite les jeunes gens deviennent des amants passionnés dans un décors qui ne semble être rien d'autre que le jardin d'éden, autrement dit le paradis retrouvé ! La nature, dans cette scène, semble les protéger et les arbres les recouvrent du reste du monde ( arbres qui d' habitude se déchaînent avec le vent qui bat à toute vitesse)... Dans ce paysage romantique à souhait les êtres et les choses vont par deux dans une harmonie parfaite : les chevaux, les amants, les deux fils d'araignée, les deux bouts de bois dressés à travers l’eau...) L'équilibre est retrouvée et le désir charnel qui animait Rosy est enfin assouvi...
Mais le village ne tardera pas à apprendre la faute impardonnable de la jeune femme qui subira l'humiliation jusqu'à devoir quitter les lieux... Son mari démontre toute son humanité et sa grandeur de cœur car jamais il n'abandonnera sa femme et toujours la défendra malgré la faute commise... Charles Shaughnessy est donc un personnge très touchant, ne jugeant personne. Mais son manque de sensualité fait défaut !
Le prêtre occupe une place centrale dans ce drame ! Il vient rappeler l'omniprésence de l'église et le poids qu'elle exerce sur la communauté. Le prêtre n'hésite pas à rentrer dans les foyers, à sa guise, pour sermonner les fidèles. Mais malgré un côté moralisateur, il n'en demeure pas moins touchant mais aussi aimant et protecteur notamment avec Rosy et « l'idiot du village » !
David Lean sublime le paysage Irlandais dans des couleurs vives et saturées... Mais j'aime à penser, comme je l'ai déjà lu, que cette vision des falaises, de la mer, de la plage, n'est rien d'autre que la vision du romantisme exacerbée de Rosy sur le monde !
Enfin, il faut voir la fille de Ryan qui s'est révélé être pour moi un véritable coup de foudre !