La Fille du bois maudit par Teklow13
Le film se passe à Lonesome Pine, un coin perdu de l'Amérique sauvage où deux familles, les Tolliver et les Falin, se livrent un combat ancestral. Un jour, Jack Hale, un ingénieur, vient construire une voie ferrée à travers le pays.
La fille du bois maudit, datant de 1936, est, je crois, le tout premier film en technicolor et en décor extérieur. Le travail sur la couleur, le décor, les profondeurs de champs est juste somptueux et c'est assez hallucinant pour l'époque.
Le film peut presque se voir comme une transposition de l'univers du western, avec ses codes, dans un décor montagnard : deux clans, l'arrivée du chemin de fer qui va transformer le paysage et l'Amérique, le cavalier étranger qui va d'un clan à l'autre. Tout ça est malaxé par Hathaway et tend finalement vers un mélodrame bouleversant et très noir.
Le film aborde le communautarisme, le fait de vivre en autarcie dans un monde où l'on établit ses propres règles, et ce de génération en génération.
Avec l'intrusion de l'étranger, du chemin de fer, c'est toute une transformation qui va s'opérer, un basculement violent pour les personnages au contact d'une modernité dont ils ne connaissaient pas l'existence.
Il y a quelque chose de très fort et d'assez dérangeant dans le traitement du cinéaste pour décrire ce monde. C'est doux, très fluide, car les événements que vivent ses deux familles, leur lutte allant jusqu'à la mort des membres, n'est pour eux que banalité, ils vivent ça tous les jours depuis toujours. De même que la question de la consanguinité qui est traitée en filigrane. Il y a une juxtaposition constante entre la clarté et l'élégance de la narration et de la mise en scène, et la violence du sujet. Mais le regard d'Hathaway, toujours empreint d'humanisme pour ses personnages, n'est jamais là pour juger