C’est mon second Pagnol. Comme pour La femme du boulanger, il m’a fallu du temps avant d’apprivoiser sa mécanique car c’est une mécanique, Pagnol. C’est un peu trop écrit, un peu trop théâtral, aussi. Mais à la manière d’une petite musique qui nous happe, les beaux dialogues et l’interprétation font le reste. La fille du puisatier est un long film c’est sa force, il faut le laisser s’installer, lui laisser le temps de nous toucher par sa chronique rurale en temps de guerre, avant d’accepter sa plongée dans le mélodrame. Car c’est un film plus grave qu’il n’y parait – et donc un peu gâché par son happy-end forcé – tant les saillies légères ou humoristiques (souvent guidées par Fernandel, qui toutefois ne phagocyte pas le récit) sont relayées systématiquement par des éléments cruels. C’est un beau témoignage cinématographique de la France au moment de la capitulation – Pagnol va même jusqu’à insérer le discours du maréchal Pétain déclarant l’armistice par radio. Amoretti, le puisatier, est un superbe personnage Pagnolesque. Et Raimu, qui l’incarne, est magnifique.