Comme dans "Marius", comme dans "Angèle" ou "Naïs", l'enjeu dramatique est introduit par la faute d'une jeune fille pauvre. Et, particulièrement ici, les considérations de Pagnol sur les filles-mères résonnent d'accents mélodramatiques plutôt appuyés, tandis que la liaison entre la fille du puisatier, Patricia, et son bel aviateur prend trop de place, et d'autant plus que ce sont des séquences surannées.
Au chapitre négatif toujours, les quelques sentences maladroites (étonnantes chez Pagnol) sur la guerre (il est vrai que la sortie du film suit de peu la débâcle) ou sur la vertu des jeunes filles et le mariage flirtent avec l'emphase.
Heureusement qu'en bien d'autres occasions, Pagnol retrouve son sens de la formule que servent bien Raimu, souvent grave en père de Patricia, mais toujours humain malgré la rigueur de ses principes, et Fernandel, dont la fantaisie innocente égaye ce vrai mélodrame. Pagnol, sait étirer les scènes les plus simples pour y glisser de l'émotion, de la verve (méridionale) ou une sévérité sous-jacente. Moins typiquement provençale, "La fille du puisatier" reprend toutefois la plupart des thèmes récurrents de son auteur.