Les frères Dardenne réalisent du cinéma vérité. Leurs fictions creusent toujours plus profondément dans les mœurs. Si leur mise en scène est très identifiable, c’est pourtant toujours un renouveau dans le sujet traité. Cette année, ils mettent Adèle Haenel dans le rôle d’une jeune médecin généraliste qui se sent coupable de ne pas avoir ouvert la porte à une jeune fille retrouvée morte peu de temps après. Le film ouvre donc plusieurs thématiques. Etre médecin est un métier, mais lorsque les horaires de travail sont terminés, doit-il encore exercer ? L’actrice, qu’on trouvait un peu trop jeune au début du film, se révèle être d’une spontanéité extrêmement touchante. On le voit, la direction artistique est impeccable. Ce n’est pas Adèle qui joue le personnage d’un médecin, c’est le médecin qui est venu se greffer à la vraie personnalité de l’actrice. Le personnage nous empoigne alors le cœur et ne nous lâche jamais. Avec encore plus de finesse, c’est l’histoire de cette morte sans nom qui est abordé. La fille est noire, se prostitue pour survivre, n’a pas d’adresse, était-elle une migrante ? Toutes les questions ne sont jamais explicitement ouvertes mais ne passent pas inaperçues. Voici donc un nouveau coup de maître de Luc et Jean-Pierre Dardenne qui cette fois, repartent bredouilles de Cannes mais qui résonnent encore dans notre cœur.