END OF DAYS était un projet diablement bandant. Confronter LA star, l'icône du film d'action contemporain au mal absolu, Satan. Un pitch à l'ambition bisseuse démentielle et la promesse d'un spectacle bourrin sans équivalent, auréolé d'une volonté pieuse d'offrir au chêne autrichien le rôle le plus torturé de sa carrière.
Raté.
Ça démarrait pourtant fort avec une caractérisation osée (Schwarzy à 1 doigt du suicide, la première action torride de Satan sous les traits irrésistiblement cabotins de Gabriel Byrne, qui se fendra plus tard d'une référence urinaire à USUAL SUSPECT). Il faudra une bonne demi-heure pour commencer à déchanter et s'apercevoir que "l'enquête" est aussi palpitante que celle de Totof dans RESURRECTION et que les personnages sont effleurés (l'aspect "anti-héros" de Schwarzy déçoit, Kevin Pollack joue les sidekick avec l'inspiration d'un caillou coincé dans une botte et Satan ne pense qu'à forniquer) et ainsi faire le deuil de nos fantasmes.
Il est vrai qu'on voyait mal cette vieille baderne de Peter Hyams (réal prometteur tombé en décrépitude dans les années 90) accoucher d'un chef d'oeuvre. Arrivé en catastrophe pour remplacer Marcus Nispel (le clippeur-plasticien responsable du remake de MALT et de PATHFINDER), c'est finalement lui qui sauve le film du naufrage intégral. Enfilant lui-même la casquette de chef op', adepte de photographies ténébreuses (cf:son RELIC à la limite du visionnable), il profite pleinement du sujet et des moyens considérables à sa disposition pour peaufiner l'esthétique de son thriller d'action ésotérique. Navigant entre l'ambre et l'ocre, osant le contre-jour et la sous-exposition, la photo de LA FIN DES TEMPS offre à elle seule des séquences assez mémorables.
Fantasme de geek déviant qu'il n'aura pas su combler, LA FIN DES TEMPS est bien une histoire sans lendemain.