Un film anglais sur la monarchie anglaise avec un tel casting, il n'y a aucune raison qu’on le boude… Commençant sur le ton de la comédie, le film de Nicholas Hytner enchaîne sur un drame très prenant, qui décrit la chute d’un homme dans la folie. Ce serait déjà dur si c’était un homme quelconque, mais ici, il s’agit du roi d’Angleterre, et le spectacle de sa déchéance mentale en est d’autant plus dur qu’elle est également donnée à voir à tous ses sujets. C’est pour le réalisateur l’occasion de mettre en place une réflexion très intéressante sur le rôle du roi en Angleterre, face à un parlement au poids grandissant, et à l’image qu’il se doit de donner à la société. Car, comme George III le dit lui-même à la fin, le roi est d’abord un modèle pour son peuple, et comme tel, il se doit de lui donner une bonne image. Vu de France, les rapports de la société anglaise à son monarque sont d'autant plus intéressants à voir qu'à cette époque, le roi de France était dans une moins bonne posture… Et la folie un peu ambiguë du roi George (mais, au vu des supplices infligés par les médecins, on peine à croire qu’il fasse semblant) est justement un moyen de mettre à l’épreuve cette fidélité au souverain, lorsqu’il traverse ces épreuves particulièrement humiliantes. Ce n’est pas facile à mettre en scène, et Hytner s’en tire honorablement, essentiellement grâce à l’incroyable talent du couple royal incarné par un Nigel Hawthorne tout en finesse, qui sait très bien jouer sur la gamme des émotions, oscillant avec une aisance incroyable entre le ridicule de l'homme devenant fou et la dignité due à sa fonction, et une Helen Mirren égale à elle-même, c’est-à-dire parfaite en tous points. Si l’intérêt retombe parfois un peu, on n’a aucun mal à se mettre dans la peau de la reine qui n’attend qu’une chose, que le roi retrouve la tête pour que le royaume récupère la sienne à son tour…