Revoir aujourd'hui la Folle journée de Ferris Bueller peut au choix rafraichir de bons souvenirs ou au contraire laisser perplexe. Quand on lit le scénario, on s'aperçoit que ça ne mène pas loin et que l'argument de base est bien léger, si bien qu'aujourd'hui, le film peut sembler anodin ou banal voire dépassé. Mais il faut le recontextualiser, car en 1986, il a fixé un certain nombre de codes du genre teen movie qui ont été repris par d'autres films comme la franchise American Pie, sauf qu'il ne se vautre pas dans une vulgarité excessive, même si sa morale n'est pas vraiment recommandable.
En effet, c'est une apologie des cancres et de la paresse, où l'éducation scolaire en prend un coup, mais de toute façon, tout le monde est visé : les profs et le proviseur passent pour des crétins, les parents pour des naïfs, et les ados pour des combinards antipathiques. Tout ceci flirte avec la philosophie du "carpe diem" qui sera développée plus tard dans le Cercle des poètes disparus, pas étonnant que le film soit culte et qu'il ait marqué une génération.
Il faut bien insister sur le fait que la saveur de cette comédie de potaches reste intacte pour qui a vécu ces années 80, car pour les ados d'aujourd'hui, ça peut paraitre surréaliste ou stupide, je le conçois ; le film est sans aucun doute le reflet de l'époque dans laquelle il fut tourné. C'est avant tout un hymne de l'insouciance juvénile de ces années 80, enjoué et très amusant dans certaines situations drolissimes, en même temps qu'un hymne à la bonne humeur avec une réflexion sur certaines thématiques abordées par John Hughes, le cinéaste des teen agers, il contient plein de petites surprises, et vaut aussi pour ses acteurs : c'est probablement le rôle le plus intéressant de Matthew Broderick qui est bien secondé par Jeffrey Jones qui campe un proviseur déchainé. Bref, c'est pas un chef-d'oeuvre, juste une comédie bien sympathique avec laquelle on peut passer un bon moment.