La Fontaine d'Aréthuse par Alligator
Décidément j'aime particulièrement le Bergman des années 40. Les décors et la photo offrent un spectacle très évocateur, de dévastation, martiale ou amoureuse, psychique ou morale.
Intéressante mêlée de personnages, complexe, bien dessinée, enragée, vivante. La photographie noir&blanc se marie bien dans ses contrastes au tumulte des êtres. Comme toujours avec Bergman, ce n'est pas sans violence que les sentiments, les troubles se manifestent.
Toutefois, l'introspection que le cinéaste nous amène à faire sur les personnages n'est pas aussi profonde qu'à l'habitude. J'ai souvent eu l'impression que Bergman maniait également dans ce déchaînement, ces mouvements brusques, une sorte d'humour, morbide peut-être et puis non, au moins un voile de légèreté. Sans doute que c'est le spectateur le jouet de cette mise en scène. Entre rires et larmes, les personnages sont voués aux gémonies de l'amour en quelque sorte. Le couple central danse entre baisers et morsures sur le passé douloureux de la jeune fille et les cauchemars du garçon. Leur passé erreur les a fait échoué sur le même récif. Est-ce leur salut? Les personnages secondaires, satellites plutôt, n'ont pas leur charme mais dissolvent comme ils les ont construit les périls du couple. Plombé. C'est toute l'histoire de cette confrontation de l'individu à son passé dès lors qu'on reconstruit une histoire d'amour. Non sans heurt.