Réflexion sur la civilisation et ses dangers, sur l'ignorance et l'indifférence de la nature par cette civilisation, sur les peuples primitifs, sur l'écologie... on peut voir dans ce beau film de Boorman beaucoup de choses ; ce qui a fasciné John Boorman, c'est la culture tribale et surtout le choc des civilisations, ou le monde de la forêt vierge contre le monde du matérialisme, et ce dernier menace dangereusement le premier à grands coups de bulldozers. Ce film est presque un cri d'alarme.
Le réalisateur a comme dans Excalibur, développé le thème de la quête initiatique, à travers les images de nature sauvage de la forêt amazonienne qui est montrée ici avec une grande poésie, même si elle aussi recèle des dangers qu'il faut savoir éviter. Boorman réussit un film de toute beauté, sans vedettes et sans effets de style, simplement en magnifiant la nature ; il a étudié de près la forme de vie tribale en forêt au sein d'une réserve Xingu au Brésil, et a recrée fidèlement un type de village pour son film, d'où une impression d'authenticité, même si Boorman verse parfois dans le mythe du "bon sauvage" à vocation rousseauiste. Mais sa démonstration d'un monde technocrate et civilisé qui menace à moyen terme une société hors du temps qui se peint le corps et se livre aux danses rituelles à l'abri d'un précieux rempart végétal, est suffisamment percutante pour interpeller.