Si vous demandiez à Budd Schulberg, scénariste et producteurs du film (mais aussi d'"un homme dans la foule" ou "sur les quais") ce qu'il pensait de l'apport de Nicholas Ray dans l'aspect définitif du film, il vous aurait soit ri au nez, soit serait entré dans une fureur noire, selon l'époque à laquelle vous lui posiez la question.
Ray est en effet en phase d'alcoolisme aigu et ne pourra notamment pas réaliser les derniers plans réunissant Plummer et Ives, constituant le final du film.
Mais on est en droit de se poser la question, vu le résultat: est-ce important ?
L'essentiel est que nous tenons là un bijou.
Un thriller écologique (le premier de l'histoire ?), puisque les méchants ne sont coupables que de tuer des oiseaux, servi par des plans des everglades baignant dans une lumière sublime.
Un thriller psychologique haletant, s'appuyant sur les personnalités hors-normes de ses deux protagonistes principaux, le gentil (Christopher Plummer méconnaissable) et le méchant (Burl Ives à la rousseur incandescente) qui finiront par -presque- fraterniser après une scène anthologique.
Les moments de bravoure, au fin-fond du marécages ou au cœur d'une Miami naissante sont en effet au rendez-vous. Au rang desquelles vous apprécierez un festival de gueules cassées qui sourient et surtout, surtout, un moment de beuverie inoubliable.
Bon, et puis ce serait dommage de passer à côté de la première prestation au cinéma de Peter Falk. Non ?