La Foreuse Sanglante (The Toolbox Murders) est le seul long métrage pour le cinéma de Dennis Donnely au cœur d'une carrière entièrement consacrée à la télévision et à la réalisation d'innombrables épisodes de séries TV. Sorti en 1978 La Foreuse Sanglante est un slasher à priori assez banal mais le film a la bonne idée de glisser doucement vers une horreur plus psychologique en explorant les troubles mentaux de son tueur.
Dans La Foreuse Sanglante nous allons suivre l'itinéraire meurtrier d'un type qui coiffé d'un immonde passe montagne en laine rouge et noir tue des femmes à l'aide du contenue de sa caisse à outils. Après avoir kidnappé une jeune fille, le frère de cette dernière se lance avec l'aide d'un ami dans une enquête pour la retrouver et démasquer le tueur.
Souvent dans la mécanique du slasher nous avons droit à une exposition des enjeux et des personnages avant que ne commence le massacre, dans le cas de La Foreuse Sanglante la plupart des meurtres se retrouvent concentrés sur la toute première partie du film. Et si le titre français laisse entrevoir que le tueur utilise une perceuse comme arme , il est en fait plus éclectique dans son approche du bricolage meurtrier utilisant aussi pistolet à clous, marteau et tournevis. On pourra s'amuser de la passivité voir de la bêtise des victimes (Mais pourquoi se coller derrière une porte en bois quand un tueur possède une perceuse??) mais dans l'ensemble La Foreuse Sanglante démarre fort avec une série de meurtres bien méchants teinté d'érotisme forcément un peu gratuit. A ce titre et pour son premier rôle au cinéma la comédienne Kelly Nichols qui fera ensuite carrière dans le cinéma X en tant qu'actrice et maquilleuse nous offre ses charmes lors d'une séquence ou après s'être donné du plaisir dans un bain moussant elle est poursuivie nue par le tueur et son gros pistolet à clou. La Foreuse Sanglante démarre donc fort quasiment comme si le climax du film était en fait au tout début de celui ci. Mais le problème c'est peut être même que le film part trop fort puisque ensuite La Foreuse Sanglante va rentrer dans une sorte de ventre mou avec une enquête il est vrai assez peu palpitante. Il faudra donc patienter de longues minutes pour que le film reprenne de la vigueur lorsque l’identité du tueur sera révélé et que surtout ses troubles motivations nous seront exposées en faisant glisser le film vers une tension plus psychologique et mentale.
Dennis Donnely nous propose un bon petit travail de mise en scène, on sent que le réalisateur soigne ses plans et ses cadres et il est même parfois à la limite de l'expérimentation comme lorsque au tout début du film on se retrouve avec certains effets de montage assez étrange comme avec cette image qui soudain se fige à tel point que j'ai cru un instant que c'était mon DVD qui avait un problème. La direction d'acteur est très bonne avec en tête d'affiche Cameron Mitchell mais surtout la très jeune Pamelyn Ferdin qui bien que tout juste âgée de 18 ans au moment du tournage comptait déjà 13 ans de carrière derrière elle. La jeune actrice incarne la fille kidnappée et nous propose un joli numéro d'actrice tant elle parvient à faire passer tout un registre d'émotion et de terreur dans ses yeux embués de larmes alors qu'elle est attachée et bâillonnée sur un lit dans une robe de petite fille. Car une fois la vague d'horreur graphique passée, le film flirte avec les spectres bien plus inconfortables encore comme ceux de l'inceste voir de la pédophilie avec cette femme réduite à l'état de femme poupée et d'objet pour les délires maladifs de son geôlier.
La Foreuse Sanglante est une bonne petite série B même si son rythme irrégulier donne parfois un peu la sensation d'être dans des montagnes russes entre crêtes et creux. Comme ça commence et que ça termine fort, on oubliera volontiers le creux de la vague.