Produit en 1977 pour une sortie salles en début d'année suivante, La Foreuse Sanglante fut doté d'un modeste budget de 165 000$ pour un tournage marathon sur 18 jours. Producteur débutant, Tony DiDio cherche à se faire une place dans le milieu hollywoodien et souhaite ambitieusement reproduire le succès de Massacre À La Tronçonneuse. En remplaçant l'arme fétiche de Leatherface par le contenu d'une boite à outils (comprenant foreuse, perceuse, pistolet à clous, marteau et autre tournevis), en s'accaparant les codes du giallo et en divisant leur récit en trois actes bien distincts, le trio de scénaristes, composé par deux femmes (Neva Friedenn & Ann Kindberg) et d'un homme (Robert Easter), rédige un pur proto-slasher sous forme d'étude psychologique à l'image des futurs Maniac et Pyromaniac.
En 1977, à Los Angeles, un homme cagoulé pénètre dans les appartements de jeunes femmes pour les trucider d'une manière particulièrement violente. Dans le voisinage, Laurie, une adolescente de 15 ans, semble avoir été kidnappée par l'assassin. Ce qui déroute les enquêteurs quant au modus operandi du psychopathe...
À l'arrivée, malgré de nombreux défauts face au maigre budget et à l'inexpérience de son réalisateur (dont ce sera le seul et unique film), La Foreuse Sanglante s'avère être une agréable surprise. Surtout grâce à ses deux interprètes principaux que sont le vétéran Cameron Mitchell et la jeune, mais néanmoins qualifiée, Pamelyn Ferdin qui a débuté sa carrière de comédienne dès l'âge de 5 ans (et qui fut par ailleurs retenue pour le rôle de Regan MacNeil dans L'Exorciste avant de se voir évincer par William Friedkin qui préféra engager une totale inconnue). En incarnant une adolescente retenue prisonnière par un homme en proie à ses névroses traumatiques, Pamelyn Ferdin crève littéralement l'écran grâce à sa performance aussi subtile que touchante, les yeux constamment embués de larmes et terrorisée par la folie de son ravisseur. Ce dernier est également prodigieux, personnifiant à la perfection cet homme traumatisé par un drame et qui perd inéluctablement les pédales.
Avec son premier acte ultraviolent qui rend un bel hommage au giallo alors déclinant et sa troisième partie où le maniaque noue une très malsaine relation avec sa jeune prisonnière (l'enfermant afin de la garder "pure", loin des affres de notre société pervertie par la sexualité et la drogue), La Foreuse Sanglante aborde avec pertinence l'étude psychologique d'un détraqué. Seul le second acte, consacré à l'enquête avec un casting moyennement impliqué, fait malheureusement redescendre une tension qui n'empêchera pas pour autant l’œuvre de rejoindre la liste des video nasties, ces films strictement interdits de distribution sur le territoire anglais. Passé inaperçu lors de sa sortie, le métrage deviendra culte aux États-Unis le jour où Stephen King le citera comme l'un de ses films d'horreur préférés. Par la suite, un faux remake, réalisé par Tobe Hooper sous son titre original, verra le jour en 2004. Lui-même suivi d'une suite, Toolbox Murders 2: Coffin Baby, produite 9 ans plus tard.